SOCIÉTÉ. Jardinier amateur, Laval Labbé s’est découvert sur le tard une passion pour l’horticulture. Depuis 10 ans, il cultive minutieusement et prend soin des fleurs ainsi que des plantes qui peuplent la cour arrière de sa résidence de la route 226, à Leclercville. Lorsque les beaux jours reviendront dans quelques semaines, il se mettra de nouveau à la tâche pour faire revivre Les jardins au refrain des temps.
S’il souhaitait partager sa passion en plein hiver, au mois de février, c’est que M. Labbé voulait donner un peu d’espoir, mettre du soleil et de la couleur dans ces moments plus difficiles.
D’ailleurs, il s’est mis à l’horticulture il y a 10 ans pour se sortir lui-même d’un moment un peu plus sombre de sa vie. Musicien pendant 45 ans dans les Forces armées canadiennes, on l’a mis à la retraite à 65 ans. Du jour au lendemain, il s’est retrouvé dans une situation où il se demandait ce qu’il ferait de ses journées, de sa vie.
«J’ai vécu une petite période dépressive qui a duré quelques semaines. Je ne savais pas quoi faire. Finalement, j’ai planté quelques fleurs à l’arrière de ma maison. Une fin de semaine, ma fille est venue nous visiter et a trouvé ça très beau. C’était la piqure. Me faire dire que c’était beau après avoir planté trois ou quatre fleurs, c’est ce qui a tout déclenché», a-t-il raconté.
Ainsi, il a reboisé sa terre devant sa maison. Il y a planté de 300 à 400 arbres. Ensuite, les fleurs, les plantes et les différents aménagements ont progressivement fait leur apparition dans sa cour arrière. On y retrouve aussi, un potager, un endroit où poussent de petits fruits et un jardin d’eau habité d’une quinzaine de poissons. «À force de travail, c’est devenu de plus en plus beau.» Cet été, il compte fleurir de nouvelles platebandes, ajouter de l’éclairage et y diffuser de la musique.
Travail colossal
Laval Labbé est un passionné. Il parle de ses réalisations avec plaisir et enthousiasme, tout en rappelant qu’il s’agit d’un jardin privé et non d’un grand jardin comme ceux du Domaine Joly-De Lotbinière ou du Jardin botanique de Montréal. «Je ne suis pas un jardinier professionnel. Je suis amateur du bout des doigts jusqu’aux orteils», se plaît-il à dire, rappelant qu’il s’agit uniquement de son passe-temps.
Pourtant, il y consacre énormément de temps. «Je suis seul là-dedans, mon épouse me donne les idées, mais je fais le travail manuel.» À l’automne, il lui faut trois semaines pour tout ramasser et au printemps, c’est près d’un mois qui est nécessaire pour tout remettre en place. En été, il y consacre six heures par jour, six jours par semaine. Tondre le gazon avec un tracteur peut prendre jusqu’à trois heures, tout comme passer le coupe-bordure.
Même s’il ne cherche pas la reconnaissance ou la publicité, tout ce travail ne passe pas inaperçu auprès des automobilistes qui roulent devant sa résidence. Plusieurs ralentissent. Ceux qui arrêtent sont invités à venir visiter.
«Je leur dis toujours la même chose : "Stationnez-vous dans mon entrée et prenez les photos que vous voulez". À la fin, je les invite à signer notre livre d’accueil et on leur offre un très petit verre de sangria en geste d’amitié. […] Les commentaires sont tellement beaux que ça nous encourage à continuer.» L’été dernier, une soixantaine de personnes s’y sont arrêtées, certains venaient d'aussi loin que de la région de Toronto.
Un sens à sa retraite
«Demain matin, j’en serais à mes dernières heures de vie et je me dirais que j’ai eu une belle vieillesse. Je me suis trouvé une autre passion et puis je laisse quelque chose derrière moi. J’ai planté 300 arbres devant ma maison qui vont continuer à pousser même si je ferme les yeux. Même chose pour les fleurs puisque ce sont presque toutes des vivaces», a-t-il philosophé.
D’ailleurs, à l’aube de ses 75 ans, il se dit plus en forme que jamais et ne compte pas s’arrêter. Il planifie déjà ce qu’il souhaite faire cet été et affirme avoir des projets pour au moins 10 ans encore.