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19 mars 2025 08:08

Les directeurs généraux et les bonzes de la Ligue nationale de hockey (LNH) se réunissaient cette semaine en Floride pour leur traditionnelle rencontre annuelle afin de discuter de possibles changements aux normes du circuit Bettman. La réunion n’a pas abordé deux sujets qui ne doivent plus demeurer dans l’angle mort des dirigeants de la LNH : le format des séries et les contournements, valides mais amoraux, des règles du plafond salarial.

Par Érick Deschênes

Évidemment, la réunion a permis des conversations entre quatre yeux qui permettront assurément la conclusion de transactions cet été et de se pencher sur l’interprétation faite par les officiels des règles touchant l’obstruction sur les gardiens de but. Mais était-ce une priorité de parler d’ajouter deux matchs à une saison déjà longue de 82 matchs qui usent les artisans du spectacle du circuit Bettman? De plancher sur un match des étoiles la saison prochaine, un concept désuet, particulièrement après le succès retentissant de la Confrontation des 4 nations?

La course aux séries dans les deux conférences de la LNH, où les surprenants Canadiens pourraient bien dégotter l’un des derniers billets pour prendre part à la «vraie saison», prouve la relative parité qui règne cette saison dans le circuit.

Cependant, avec l’importante augmentation du plafond salarial annoncé au cours des prochaines saisons, les fling flangs réalisés par plusieurs directeurs généraux de la LNH pour se paqueter des clubs en vue des séries pourraient menacer cette parité, l’un des facteurs qui rendent le produit du circuit Bettman excitant pour les amateurs.

Cela ne se veut pas une critique des états-majors comme ceux du Lightning de Tampa Bay, des Golden Knights de Las Vegas ou des Panthers de la Floride. Ils profitent de toutes les possibilités pour améliorer leur formation, le but de chacune des 32 équipes de la LNH étant de gagner la coupe Stanley.

Cependant, en pouvant soustraire du plafond salarial les émoluments de leurs hauts salariés blessés, plafond qui n'est d’ailleurs pas en vigueur pendant les séries, ces architectes contournent l’esprit de la règle.

J’ai peur qu’avec la possibilité pour les équipes bien nanties de dépenser davantage après les vaches maigres des dernières saisons, on se retrouve, dans une moindre mesure j’en conviens, à revivre la situation qui prévalait dans la LNH avant le lock-out de 2004-2005 et l’arrivée du plafond salarial. Avec les tours de passe-passe mathématiques, les équipes riches pourront multiplier les arrivées de joueurs étoiles dans leurs rangs. Comme au baseball majeur, les équipes ayant moins de moyens serviront de fournisseurs en talent à ces grandes formations, situation qui pourrait diminuer la parité dans les rangs du circuit Bettman.

Si la LNH a toujours eu de mauvaises élèves à ce chapitre, l’ère du plafond salarial a toutefois mis fin à des situations ahurissantes. Malgré que les Rangers de New York prouvaient alors que l’argent ne pouvait pas tout acheter.

Pourquoi la LNH n’irait pas plus loin avec les normes de son plafond salarial? En tout temps, même en séries, chaque équipe devrait avoir un alignement de 23 joueurs dont le total des salaires respecte le plafond salarial? Si un joueur majeur se blesse, les directeurs généraux de la ligue pourraient obtenir la marge de manœuvre pour le remplacer, sans qu’on voie des blessés commandant un grand salaire revenir miraculeusement juste à temps pour les séries. Pensez ici à Mark Stone ou Nikita Kucherov.

Cependant, un plafond encore plus sévère que celui en place dans la LNH impacterait le nombre de transactions. Il faudrait donc prévoir des jokers pour éviter de perdre cet élément qui est aussi important dans la qualité du spectacle offerte par le circuit Bettman.

 Corriger des incongruités

 Parlant du grand bonze de la LNH, ce dernier n’en démord pas. Le nouveau format des séries éliminatoires dans son circuit, en place depuis quelques années, semble être dans son monde la meilleure invention depuis le pain tranché.

À titre de rappel, les trois premières équipes au classement des deux sections de chaque conférence sont qualifiées pour les séries tandis que les deux dernières places sont obtenues par les formations terminant au septième et huitième rang du classement général de chaque conférence. Les équipes terminant au sommet du classement général de chaque section affrontent les deux équipes ayant obtenu ces dernières places. Pour leur part, les équipes occupant les deuxième et troisième rang du classement de leur section s’affrontent dès le départ dans une lutte sanglante en première ronde des séries éliminatoires.

Avec cette formule, la LNH voulait proposer une nouveauté à ses partisans tout en proposant un format similaire à ceux en place depuis belle lurette dans la NFL et la MLB, possiblement pour attirer davantage d’amateurs américains devant leur téléviseur.

Ce n’est pas mauvais la nouveauté, mais la formule actuelle pénalise parfois les équipes très performantes du circuit Bettman. Voici le portrait actuel des possibles séries éliminatoires de première ronde dans le circuit Bettman (en date de mercredi à 19h) :

 Conférence Est

Washington vs Montréal
Floride vs Ottawa
Tampa Bay vs Toronto
Caroline vs New Jersey

Conférence Ouest

Winnipeg vs Vancouver
Las Vegas vs Minnesota
Dallas vs Colorado
Edmonton vs Los Angeles

 Si on suivait l’esprit de la précédente formule où l’équipe terminant au sommet de la conférence affrontait la huitième équipe qualifiée, la deuxième la septième et ainsi de suite, le portrait serait légèrement différent.

Dans l’est, la meilleure récolte jusqu’à maintenant des Hurricanes de la Caroline leur permettrait plutôt d’affronter les Sénateurs d’Ottawa, équipe qui occuperait le septième rang du classement général dans l’ancienne formule, plutôt que les Devils du New Jersey, qui pointerait au sixième rang selon ce système.

Les disparités sont encore plus flagrantes dans la conférence Ouest. Plutôt que d’affronter l’Avalanche du Colorado dans une lutte sévère dès le premier tour, les Stars de Dallas, deuxième meilleure équipe jusqu’à maintenant dans l’Ouest, affronteraient le Wild du Minnesota, équipe qui occuperait le septième rang du classement sous l’ancienne formule de qualification.

L’ancien système donnait tout autant droit à des courses excitantes aux séries, l’un des arguments de Gary Bettman livré mercredi pour défendre la formule actuelle des séries. Elle récompensait les équipes performantes et n’empêchait pas non plus les belles histoires, comme les Flames de Calgary et les Oilers d’Edmonton l’ont démontré pendant la première décennie des années 2000. On l’a vu au cours des dernières années, les séries sous la formule actuelle démarrent en lion, mais il y un genre de mou pendant la deuxième ronde.

C’est encore là un danger pour la parité et l’équité dans le circuit Bettman.

Cette chronique fait partie de notre section Opinions, qui favorise une pluralité d'idées. Elle reflète l'opinion de son auteur, pas celle du Journal de Lévis.

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