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Lettre d'opinion

Abolir les services communautaires de proximité dans le Vieux-Lévis ?

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Photo : Archives - Érick Deschênes

23 mai 2024 08:26

J’habite le Vieux-Lévis depuis toujours. Je pense en connaître toutes les rues (et les deux ruelles). Malgré les apparences, l’école du quartier est l’une de celles qui a le plus haut indice de défavorisation de la commission scolaire. Son personnel dévoué doit jongler avec des enfants qui n’ont rien dans leur boîte à lunch alors que d’autres arrivent avec des souliers à 200 $. Rien de cela n’est nouveau.

Note de la rédaction : Le Journal de Lévis n'endosse aucune opinion qui est partagée dans les lettres d'opinion ou ouvertes publiées dans notre section Opinions. Les opinions qui sont exprimées dans ce texte sont celles de l'autrice signataire.

Ce qui est nouveau, c’est peut-être que la pauvreté est de plus en plus visible. Alors qu’elle se cachait dans des maisons de chambres mal entretenues, elle est maintenant assise sur le trottoir ou couchée par terre dans un parc. Ce n’est pas qu’à Lévis, c’est partout au Québec, à Drummondville, Rimouski, Gaspé, Trois-Rivières…

Évidemment, comme partout, cette situation crée des tensions. Depuis la pandémie, plusieurs commerces ont fermé et les autres vivent des difficultés. L'avenue Bégin n’a pas le même type d’animation qu’elle avait par le passé.

La Ville de Lévis a eu une fausse bonne idée : mettre la faute sur les organismes communautaires. Elle a adopté à toute vitesse un projet de règlement qui vient abolir la classe d’usage P1 «services communautaires de proximité» dans un large secteur du quartier.

Les organismes communautaires présents pourront rester, mais s’ils ferment, ils ne seront pas renouvelés et ils ne pourront s’agrandir. Concrètement, aucun nouveau service de garde d'enfants (garderie, CPE, etc.) d’hébergement temporaire pour fins de protection des personnes (ex: pour femme victime de violence), d’animation communautaires (ex : maison des jeunes), d’éducation primaire (ex : pré-maternelle), d’entraide humaine (ex: ressourcerie, banque alimentaire, etc.) ou de sécurité civile ne sera permis.

Comment peut-on vouloir ça? Dans tous les centres-villes du monde, les usages commerciaux et communautaires se côtoient. Parce que c’est là qu’il y a du transport en commun, c’est là qu’il y a des besoins, c’est là que sont les gens. Les besoins augmentent et on désire réduire les services ou les éloigner. C’est un non-sens.

Mais surtout, cela envoie le message que nous ne pouvons cohabiter. Avant d’adopter un tel règlement, il faudrait minimalement s'asseoir et discuter. Pourquoi pas un conseil de quartier comme à Québec?

En attendant, les citoyens du secteur ont jusqu’au 29 mai pour signer un registre demandant un référendum sur cette question. Pour avoir les informations, il faut chercher l’aiguille dans la botte de foin des avis publics sur le site de la Ville (indice, allez regarder ceux du 21 mai).

Valérie Cayouette-Guilloteau

Lévis

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