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Lettre ouverte

Remettre les pendules à l’heure sur l’état de nos finances

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Photo : Archives - Gilles Boutin

11 nov. 2024 07:30

Repensons Lévis s'intéresse aux finances municipales pour une gestion plus saine et transparente. Nous croyons en la participation citoyenne et l’intelligence collective, mais il reste des progrès à faire pour instaurer des processus de décision plus ouverts et collaboratifs, notamment avec les citoyen.ne.s, copropriétaires de la Ville.

Taxes

L'administration affirme que Lévis est moins taxée qu’ailleurs, en se basant sur le taux global de taxation. Cependant, le rapport du vérificateur général de 2021 indique qu’il est plus pertinent d’observer la charge fiscale moyenne par logement, un indicateur fourni par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. Sur cette base, Lévis est la huitième plus taxée des 11 villes de plus de 100 000 habitant.e.s au Québec, ce qui contredit les comparaisons avantageuses avancées par M. Lehouillier et son équipe.

Dette

La dette de Lévis, qui atteignait 564 M$ au 31 décembre 2023, a augmenté de 66 % depuis 2013, bien plus rapidement que l’inflation (+ 23 %). La plupart des grandes villes tentent de maintenir leur dette consolidée en dessous de leurs revenus consolidés annuels (ratio de 100 %). Lévis, avec un ratio autour de 150 %, se situe au 10e rang des grandes villes et prévoit un ratio de 130 % pour 2033, loin des objectifs de villes comparables comme Québec, qui vise 70 % d'ici 10 ans

Budget et plan quinquennal des immobilisations

Dès 2021, Repensons Lévis a réclamé trois éléments à l’administration : un processus budgétaire transparent, un inventaire complet des infrastructures municipales et un cadre financier.

Processus budgétaire

Malgré sa devise, Lévis n'est pas à l'avant-garde. Les informations budgétaires fournies sont insuffisantes comparées à celles de villes comme Québec et Terrebonne, et les délais pour les analyser sont trop courts. Lors du dépôt du budget 2024, la Ville ne nous a pas transmis les données nécessaires, comme la variation du compte de taxes et le nombre de personnels espéré pour chaque direction. L’augmentation moyenne du compte de taxes a atteint 7,7 %, la plus forte parmi les grandes villes du Québec. Sans un doublement de la taxe sur les terrains vagues desservis, l'augmentation aurait dépassé 11 %.

L’an dernier, nous avons également reçu des documents incomplets peu avant la réunion du comité plénier, malgré des demandes répétées pour des ateliers de travail avec chaque unité administrative. Une discussion publique du budget permettrait aux citoyens d’entendre les questions des élu.e.s et de poser les leurs. Bien que le maire ait montré une ouverture, la date et la formule restent à définir, alors que le dernier budget du mandat approche.

Nous nous sommes donc opposés au budget 2024 et nous avons soumis une série de questions importantes sur l’état de nos finances municipales à la direction générale. La Ville a toutefois refusé de répondre.

Infrastructures

Pour élaborer un plan décrivant les besoins en immobilisations au cours des cinq prochaines années, il est essentiel de connaître l'état des infrastructures (aqueduc, égouts, routes, bâtiments, etc.). Nous avons enfin obtenu un aperçu en 2024, mais l'état des 250 bâtiments municipaux et les coûts associés restent incomplets. Sans ces informations, difficile de prioriser de nouveaux projets.

Cadre financier

Depuis 2021, nous avons demandé un cadre financier pour guider les décisions du conseil. En juin 2024, un premier cadre a été proposé, mais il reste à parfaire. Par exemple, les prévisions de dépenses en entretien des infrastructures, à prendre avec prudence, baissent au fil des ans; ce qui reste illogique et irresponsable.

On doit faire mieux

La gestion d’une ville peut paraître imposante, mais il suffit de s’y intéresser et de poser des questions. La population s’attend à ce que les finances municipales soient mieux gérées. Repensons Lévis sera toujours disponible pour tenter de répondre présent quand il faudra expliquer et permettre aux gens de mieux s’approprier les tenants et aboutissants de notre trésor collectif.

 

Par Serge Bonin, chef de Repensons Lévis et conseiller municipal du district Saint-Étienne, ainsi que Marcel Rodrigue, CPA, ex-trésorier et directeur des finances de la Ville de Lévis pendant 36 ans.

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