Rappelons que si la proposition de l’entreprise basée à Longueuil est retenue par Hydro-Québec à la suite de son appel d’offres qui prend fin à la mi-septembre, le projet éolien d’Innergex verrait le jour sur les territoires des municipalités d’Issoudun, Lotbinière, Sainte-Croix et Saint-Édouard.
En plus de la résolution d’appui au projet, les élus de Lotbinière étaient également appelés à se pencher sur l’entente à intervenir entre Innergex et la Municipalité. Cette dernière impose notamment au promoteur de verser une contribution annuelle de 6 227 $ du mégawatt (MW), basée sur le nombre de MW à être installés dans Ia Municipalité, ainsi que la remise en état des lieux dans les deux ans suivant l’arrêt définitif de l’exploitation du parc éolien.
Avant que ses autres collègues du conseil municipal et lui-même discutent de ces deux points inscrits à l’ordre du jour, le maire de Lotbinière, Jean Bergeron, a soutenu que la Municipalité devait donner son appui afin que les désagréments du possible parc éolien sur Lotbinière soient compensés.
«Les trois autres municipalités touchées par le projet d’Innergex, Saint-Édouard, Issoudun et Sainte-Croix, ont adopté des résolutions pour donner leur appui. Issoudun et Sainte-Croix ont aussi adopté des résolutions pour l’entente de redevances et Saint-Édouard étudie cette entente ce soir. Également, Innergex a déjà récolté plus de signatures auprès des propriétaires terriens (qui seraient touchés par son projet) que le minimum nécessaire pour le dépôt du projet. Même si Lotbinière dit non au projet, Innergex va pouvoir déposer son projet. […] On pourrait se ramasser quand même avec plusieurs éoliennes près des limites de Lotbinière. Donc, on se retrouverait avec les mêmes désagréments, notamment au niveau du paysage, sans avoir de redevances», a illustré le premier citoyen de Lotbinière.
Un point de vue également partagé par le conseiller Pierre Lemay, qui occupe le siège #5. S’il a indiqué qu’il n’était pas encore entièrement favorable au projet éolien, l’élu a affirmé que la Municipalité ne pouvait pas cracher sur la contribution monétaire qui s’ajouterait à son budget.
Cependant, avant le vote sur les deux résolutions, les conseillers Philippe Jean (siège #3) et Sylvain Pillenière (siège #2) se sont opposés au projet éolien. Selon ces deux échevins, leurs collègues devaient voter contre les deux résolutions puisque «l’acceptabilité sociale envers le projet n’est pas là».
«Ça avance trop rapidement, on parle d’un projet qui aura un impact minimalement pour 30 ans et on n’a que quelques semaines pour l’analyser. Je comprends l’importance des redevances financières, elles représenteraient un gros pourcentage du budget actuel de la Municipalité. Je ne suis pas insensible à cela. Mais on fait cela dans l’urgence, comme si on était un client qui fait face à de la vente sous pression, sans qu’il y ait possibilité de consultation et sans que les municipalités et la MRC puissent établir un cadre pour que ces choses s’opèrent d’une façon sensée», a notamment déclaré M. Jean.
Finalement, Philippe Jean et Sylvain Pillenière ont voté contre les résolutions permettant à la Municipalité de Lotbinière de donner son appui au projet d’Innergex et de conclure une entente avec le promoteur. Comme en juillet, le conseiller au siège #6, Marin Groleau, n’a pas voté pour éviter un conflit d’intérêt, puisqu’il est agriculteur. Les conseillers Nadine Demers et Pierre Lemay ont voté en faveur des résolutions. Pour dénouer l’impasse, Jean Bergeron a lui-aussi voté pour que Lotbinière donne son appui au projet d’Innergex.
Forte opposition
Avant et après que les conseillers se soient penchés sur la question, plusieurs citoyens ont profité des périodes d’information et de questions de la séance pour partager leur désaccord et leurs inquiétudes envers le projet d’Innergex.
Stéphane Leclerc s’est d’abord inquiété «du pari financier risqué» que la MRC de Lotbinière prendrait si le projet d’Innergex va de l’avant, la MRC devant emprunter plus de 30 M$ pour compléter le montage financier du parc éolien. Le maire de Lotbinière a toutefois assuré qu’une analyse de la Fédération québécoise des municipalités concluait que les revenus générés à terme par le projet «dépasseraient largement» l’emprunt, qui serait le plus important de l’histoire de la MRC de Lotbinière.
Pour leur part, d’autres citoyens ont énuméré les inconvénients des éoliennes et de l’appel d’offres d’Hydro-Québec, soit la pollution sonore, la rapidité du processus entraînant un manque de consultation ainsi que l’impact sur les terres agricoles et les propriétés résidentielles situées à proximité des futures éoliennes.
«Pourquoi accepterait-on d’industrialiser nos terres agricoles? Ce sont de grosses cicatrices qui seront créées sur nos terres. La nourriture est essentielle, on en aura toujours besoin. Est-ce que notre relève va rester prise avec des cicatrices et des débris sans les redevances dans 25 à 30 ans? Il faut penser plus loin que son nombril. Est-ce que vous, les élus, avez pensé aux générations futures et aux impacts sur notre communauté?», a notamment lancé Andréanne Vaudreuil, une agricultrice de Lotbinière.