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«Les temps sont plus durs que lorsque j’ai commencé en 2016. Il y avait des défis, mais ils étaient beaucoup plus liés à l’entreprise. […] J’ai l’impression que maintenant, c’est plus difficile qu’à mes débuts, même si le transfert est fait depuis 8 ans», a résumé, d’entrée de jeu, le producteur laitier biologique de Leclercville, Antoine Beaudet.
Ce dernier est actuellement copropriétaire, avec ses parents, de la ferme laitière familiale. À l’époque, les préoccupations touchaient les capacités d’entreprise, la construction, le plan de transfert, etc. Aujourd’hui, c’est l’argent qui devient l’enjeu important pour le producteur de septième génération.
«Côté capacité d’entreprise, sur ce que les vaches peuvent me donner je me compare à ailleurs, mais je ne suis pas très gros, je n’ai pas beaucoup de quotas, je ne suis pas capable de me payer de gros équipements ou de faire de grosses dépenses du jour au lendemain. Je n’ai pas une marge de crédit aussi importante qu’une grosse ferme»
L’augmentation des taux d’intérêt lui fait également mal en lui laissant une marge de manœuvre budgétaire moins importante. S’ajoutent les normes gouvernementales. Bien qu’il trouve la charge de travail imposée importante, il reconnaît leur utilité. Toutefois, elles peuvent s’avérer frustrantes.
«Moi, j’ai signé pour m’occuper des vaches, pas pour faire de la comptabilité. […] C’est important de prouver au consommateur qu’on fait comme il faut. […] Si au moins on jouait à armes égales, on ne pourrait pas se plaindre. La loi de l’offre et de la demande ferait son œuvre, mais là on se bat contre des produits qui peuvent facilement être moins chers parce qu’ils n’ont pas à respecter les mêmes règles que nous.»
L’avenir
«Je ne me suis jamais posé la question sur ce que je ferais d’autre dans la vie. Dans les dernières années, c’est la première fois que je me demande : si ça plante ici, qu’est-ce que je fais d’autre ? […] J’aurais pris la ferme quand même. Pour moi, ce n’est pas un travail. J’ai grandi là-dedans. C’est ma façon de vivre.»
Même si ses fins d’années s’écrivent à l’encre rouge, il reste optimiste pour l’avenir. «Ce n’est pas facile. On se demande quoi faire de mieux, on réorganise ses dépenses, on se prend un peu moins de salaire pour le remettre dans l’entreprise.»
Afin de donner un peu d’oxygène aux producteurs de la relève, il plaide avec ses confrères pour une révision des règles à la Financière agricole du Québec.