«On s’est dit qu’il fallait absolument raviver les mémoires de ces luttes. Elles ont été des jalons majeurs de la transformation du Québec ou encore, elles ont permis d’éviter des changements qui auraient été négatifs ou nocifs pour le Québec», a soutenu Lucie Sauvé, professeure émérite au département de Didactique et professeure associée à l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Montréal.
Les autrices relatent et analysent les combats engagés au cours des deux dernières décennies aux quatre coins du Québec et des traces qu’ils ont laissées aujourd’hui. Si certains ont mené à l’abandon de «projets insensés», souligne Lucie Sauvé, d’autres ont provoqué des réformes importantes. Des lois ont été révisées et de nouveaux règlements instaurés. De plus, la population est maintenant plus sensible à la question environnementale.
L’un des points de bascule est probablement la lutte contre l’exploitation des gaz de schiste, estime l’historienne consultante et citoyenne de Lotbinière, Johanne Béliveau.
«Le gaz de schiste arrive à un moment où l’on voit qu’il y a eu une série de luttes majeures parce qu’elle a été locale et a impliqué une réflexion sur notre vision de notre futur énergétique. Il y a une dimension locale, régionale et nationale à cette question», a-t-elle analysé, rappelant que l’opinion publique sur le sujet a changé en moins d’un an.
Acteurs locaux
Les autrices se sont également intéressées aux personnes qui ont mené de front ces luttes. Elles ont recueilli 10 témoignages qui relatent les motivations de leur propre engagement. «En allant chercher divers auteurs, ça permettait d’avoir un regard différent et une autre perspective», a rajouté Johanne Béliveau.
Parmi ceux-ci, on retrouve celui de Carole Dupuis, porte-parole du mouvement écocitoyen UNEplanète et qui a aussi été très engagée dans la lutte contre les gaz de schiste dans la MRC de Lotbinière.
«On ne choisit pas la militance pour l’environnement. C’est elle qui nous choisit […]», écrit-elle d’entrée de jeu dans son témoignage.
Ce n’est pas terminé
«Nous sommes dans une période politique inquiétante, en particulier dans le domaine de l’énergie. Nous avons un gouvernement concentré sur les affaires qui est soucieux d’accueillir une industrie lourde, étrangère, à grands frais en offrant une énergie bon marché et des subventions massives. Tout ça, sans politique énergétique en amont», dénonce Mme Sauvé.
Ces projets sont nombreux, rappelle-t-elle, autant celui de l’usine de batterie de Northvolt, qui a été mis sur la glace, que le développement de la filière éolienne.