dimanche 22 décembre 2024
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Pénurie de main-d'œuvre

Québec veut miser sur les travailleurs expérimentés

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La ministre de l’Emploi du Québec, Kateri Champagne Jourdain. Photo : Courtoisie

18 avr. 2024 07:00

Quelques semaines après avoir annoncé une initiative avec le Conseil du patronat du Québec (CPQ) pour aider les entreprises à retenir leurs travailleurs expérimentés, la ministre de l’Emploi du Québec, Kateri Champagne Jourdain, poursuit son offensive pour promouvoir cette solution à la pénurie de main-d’œuvre.

«C’est un projet novateur avec le CPQ et l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. On voulait fournir un accompagnement personnalisé aux entreprises pour rendre les milieux de travail attractif pour les travailleurs de 60 à 69 ans. L’engouement a été très fort et il y a encore de la place. C’est important pour moi de faire en sorte que les travailleurs éloignés du marché du travail puissent y faire leur entrée et s’y épanouir, ce qui est aussi le cas des travailleurs expérimentés», a d’emblée soutenu Mme Champagne Jourdain, lors d’une entrevue avec le Journal le 26 mars dernier.

Rappelons que lancé grâce à un investissement de près de 1 M$ par le gouvernement provincial, le programme du CPQ permet aux entreprises qui désirent conserver leurs travailleurs expérimentés de bénéficier d’un accompagnement personnalisé, gratuit et d’une durée de 35 heures. Concrètement, l’exercice permet de définir les meilleures pratiques pour faciliter la conciliation vie personnelle et vie professionnelle ou encore pour alléger la charge de travail des employés âgés entre 60 et 69 ans.

Pour la ministre de l’Emploi, cette strate de travailleurs doit aussi être considérée dans les efforts consentis par le gouvernement du Québec afin de s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre.

«On a besoin d’eux. Quand on parle aux gens sur le terrain, plusieurs d’entre eux ont un intérêt à rester sur le marché du travail. Selon une étude menée dernièrement par Statistique Canada, on apprend que 19 % des travailleurs expérimentés seraient demeurés à l’emploi si leur entreprise avait répondu à leurs besoins de travailleurs expérimentés, avec des charges allégées, dans une fonction de mentorat ou à temps partiel. […] Ils ont une expertise qu’on a besoin. Également, si on avait eu le même taux d’emploi que celui observé en 2023 en Ontario pour les personnes âgées de 60 à 69 ans, on aurait environ 42 000 personnes de plus sur le marché de l’emploi québécois», a illustré Mme Champagne Jourdain.

Incitatifs fiscaux et autres solutions

Du même souffle, la ministre de l’Emploi a aussi souligné que des changements au Régime des rentes du Québec (RRQ) sont entrés en vigueur en janvier dernier, toujours dans le but d’inciter des travailleurs expérimentés à poursuivre leur parcours sur le marché du travail.

En effet, la cotisation au RRQ est désormais optionnelle à partir de 65 ans, les faibles gains de travail obtenus à partir de 65 ans ne font plus baisser la moyenne de gains utilisée pour calculer la rente de retraite et l’âge maximal où une personne peut commencer à recevoir une rente de retraite du RRQ est maintenant fixé à 72 ans.

Toutefois, Kateri Champagne Jourdain convient que la rétention de travailleurs expérimentés sur le marché du travail n’est que l’une des solutions à la pénurie de main-d’œuvre. Pour la ministre de l’Emploi, le virage technologique est aussi une autre avenue à envisager pour les entreprises québécoises.

«Dans certains secteurs d’activité, on fait appel à de la main-d’œuvre de l’étranger, ce qui nous permet de maintenir des activités. Il y aussi la possibilité de faire le virage vers l’automatisation, pour augmenter la productivité. D’ici 2031, on a 1,6 million de postes à pourvoir, alors qu’au même moment 800 000 diplômés sortiront des écoles québécoises pour la période 2022-2031. On a un manque à gagner. Il faudra remplacer tous ces départs à la retraite avec moins de gens. Si certains travailleurs étrangers viennent nous aider, accueillir d’autres gens viennent mettre de la pression sur les services publics et le logement», a conclu Mme Champagne Jourdain.

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