Il s'est créé 67 000 nouveaux emplois au Québec entre décembre 2022 et décembre 2023, une croissance qui se compare aux années d'embellie que la province a connues avant la pandémie. Au Québec, le ralentissement économique s'est surtout traduit par une baisse des postes vacants.
«En début d'année l'offre de main-d'œuvre ne suffisait pas à combler la demande des employeurs, a expliqué Emna Braham, directrice générale de l'IDQ. Ces derniers ont donc préféré supprimer des postes affichés – surtout pour les emplois les moins bien rémunérés – qu'effectuer des mises à pied.»
Cette pratique n'a toutefois pas suffi à échapper à une augmentation, bien que légère, du taux de chômage, qui est passé de 4,1 % en décembre 2022 à 4,7 % en décembre 2023.
Selon l'IDQ, cette progression du taux de chômage est également due au fait que le bassin potentiel de travailleurs se soit accru plus rapidement que la création d'emplois. Ainsi, l'année 2023 a été marquée par une forte croissance de la population active, de près de 100 000 personnes, largement attribuable à l'arrivée de nouveaux résidents temporaires.
«L'arrivée importante de nouveaux résidents temporaires semble avoir allégé les pénuries de main-d'œuvre dans certains secteurs comme la restauration où on les retrouve en grand nombre, a noté Simon Savard, directeur adjoint de l'IDQ. Toutefois, ils n'ont pas tous eu autant de facilité à s'intégrer. Sur les 49 000 chômeurs qui se sont ajoutés au Québec entre décembre 2022 et décembre 2023, 13 000 étaient des résidents temporaires.»
Le taux de chômage des immigrants permanents s'est accru de 4,7 % à 7,5 % entre décembre 2022 et décembre 2023. «Historiquement plus exposés aux pertes d'emplois en période de ralentissement économique, cette hausse surprend alors que le Québec connaissait une amélioration notable de l'intégration de ses immigrants au cours des dernières années», a illustré l'IDQ.
Les salaires demeurent plus élevés qu'avant la pandémie
L'inflation n'a grugé qu'en partie les gains salariaux des travailleurs obtenus au cours des dernières années, estime également l'IDQ. Le salaire horaire moyen réel était même plus élevé en décembre 2023 (33,02 $) qu'en décembre 2019 (31,87 $). Même constat pour le nombre d'emplois dans les secteurs les mieux rémunérés qui a connu une progression de 45 % en décembre 2019 à 48 % en décembre 2023.
Des défis pour 2024
Les déséquilibres entre l'offre et les besoins en main-d'œuvre s'estomperont légèrement en 2024, croit l'IDQ en ajoutant que «de nombreux défis persisteront». En se poursuivant, le ralentissement économique réduira la demande pour certains travailleurs, ce qui affectera leur pouvoir de négociation. Les immigrants, particulièrement sensibles à ces fluctuations, pourraient encore en faire davantage les frais.
En parallèle, des problèmes de recrutement persisteront dans d'autres secteurs, comme en santé où l'offre de main-d'œuvre est insuffisante pour répondre à la demande, et dans celui de la construction où la main-d'œuvre qualifiée disponible pourrait ne pas suffire à l'afflux de nouveaux projets.
«Malgré ce contexte difficile, davantage d'employeurs pourraient miser sur l'automatisation, l'intégration de nouvelles technologies, la formation continue et l'adoption de nouvelles pratiques pour rendre les emplois plus attractifs et amoindrir leurs difficultés à recruter, a souligné Emna Braham. Marqués au fer rouge par les pénuries de main-d'œuvre des dernières années, ils sont désormais plus nombreux à redoubler d'inventivité pour trouver de nouvelles solutions et éviter de se retrouver au dépourvu.»