Les produits actuellement offerts sur le marché pour traiter les différents végétaux contiennent du cuivre. Un élément qui se révèle toxique pour le sol et l’humain, explique le chercheur. «Ça cause souvent de la phytotoxicité, c’est-à-dire des petites nécroses sur les feuilles, quand ce n’est pas appliqué dans les bonnes conditions ou aux doses optimales.»
Ce dernier s’est donc mis à la recherche de nouveaux produits qui pourraient lutter contre ces maladies bactériennes sans être dommageable pour l’humain. Selon les résultats de l’étude qui a été publiée dans la revue scientifique HortScience, c’est là que l’érable et ses feuilles se sont démarqués avec leur capacité de neutraliser la croissance de ces bactéries. «À des doses plus élevées, il peut même tuer les bactéries en s’attaquant à leur structure, pouvant entraîner une rupture de la paroi bactérienne», précise le stagiaire postdoctoral.
Ainsi, pour en extraire l’agent antibactérien, les feuilles qui ont été préalablement séchées et préservées à une température de -25 degrés Celsius, sont broyées et mélangées avec de l’éthanol pour extraire le composé actif et tuer les microbes présents. Une fois le liquide évaporé, il reste une poudre qui contient l’agent antibactérien qui est facile d’utilisation et de conservation.
Afin d’en prouver l’efficacité, Maxime Delisle-Houde a testé des extraits d’érable argenté sur trois bactéries importantes pour les agriculteurs: celles responsables du chancre bactérien et de la moucheture bactérienne chez la tomate, et la bactérie qui cause la tache angulaire chez la fraise. Par ailleurs les extraits d’érables pourraient aussi protéger contre d’autres bactéries, comme celles qui s’attaquent à la laitue, a-t-il noté.
Usages concrets
Le chercheur voit dans ses travaux des usages concrets pour les acériculteurs qui pourraient collecter une partie des feuilles qui contribuent à acidifier la terre et au déclin de plusieurs érables. Cela permettrait de produire l’extrait en grande quantité, a suggéré M. Delisle-Houde.
Les feuilles mortes récoltées chaque automne par les municipalités pourraient aussi contribuer à la production de cet agent antibactérien. Même s’il ne s’agissait pas d’une récolte exclusive de feuilles d’érable, le chercheur précise qu’il y a d’autres types de feuilles qui renferment des composés similaires à ceux retrouvés dans les feuilles d’érable comme celle du chêne.
En plus de cet effet antibactérien, certaines études rapportent que les extraits de feuilles d’érable peuvent stimuler les mécanismes de défense des plantes, une hypothèse que Maxime Delisle-Houde et ses collègues souhaitent valider. Avec d’autres collaborateurs de l’Université Laval, ils s’attarderont aux stress abiotiques, comme le manque d’eau et les changements de température.