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De l’importance des fondations

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25 oct. 2024 08:47

Malheureusement, deux de nos grands clubs québécois semblent avoir oublié un élément essentiel pour leurs activités. Tout comme une maison, il faut avoir des fondations solides pour pouvoir connaître du succès dans la durée parmi les habitants de la terrible jungle du sport professionnel.

Par Érick Deschênes

Le premier club qui me vient à l’esprit quand je réfléchis à ce volet capital de la réussite d’une franchise sportive est le CF Montréal. Longtemps connu sous le nom d’Impact, il s’agit de la formation représentant Montréal dans la Major League Soccer (MLS), le circuit nord-américain de soccer professionnel.

Vous me direz pourquoi je suis aussi critique avec la belle fin de saison du CF. À titre de rappel, après une saison catastrophique en 2023, le Bleu-blanc-noir s’est qualifié cette saison pour le match suicide, la première ronde des séries éliminatoires dans le circuit Garber, grâce à une belle huitième place au classement général de la conférence Est de la MLS.

Toutefois, le parcours du CF Montréal s’est rapidement terminé lors de la «vraie saison». Malgré que les protégés de Laurent Courtois aient réussi à surmonter un déficit de 2 à 0 en deuxième demie, les Montréalais se sont inclinés aux tirs de barrage contre Atlanta United. À la trappe donc le rêve de disputer une série 2 de 3 contre l’Inter Miami de Lionel Messi, «prix» de la victoire lors du match suicide dans la conférence de l’Est cette année.

Et selon moi, ce qui explique cet échec pour le CF Montréal, c’est son incohérence quant à ses fondations. Je vais caricaturer à gros traits, mais dans le monde du soccer professionnel, il y a deux types de club. D’abord, les gros cadors, qui ont des propriétaires avec les poches profondes et qui dépensent sans compter pour améliorer l’effectif de leur équipe chaque année. On n’a qu’à penser au Paris Saint-Germain, Chelsea, Arsenal, Manchester City et le Bayern Munich, en Europe, ou l’Inter Miami, le Galaxy de Los Angeles ou le Los Angeles FC, en MLS.

Et il y a des clubs comme le CF Montréal, qui n’ont pas les moyens de ces clubs, et qui doivent miser sur leur académie de formation ou l’acquisition de jeunes talents auprès d’autres équipes afin de construire une formation qui pourra titiller les mastodontes chaque saison.

Si la recette du CF Montréal a de nouveau fonctionné cette saison grâce au trio composé du vétéran attaquant Josef Martinez et des jeunes premiers Bryce Duke et Caden Clarke, l’incohérence du CF Montréal a empêché le club de pouvoir compter sur une profondeur qui aurait pu faire une différence.

En effet, alors que l’équipe montréalaise se targue de miser sur les jeunes talents, le CF compte sur une académie version allégée. Au «foot», l’académie est l’école qui sert de parcours de formation pour les préadolescents ou des adolescents talentueux repérés par un club de soccer. Après la catégorie U18, si un espoir du CF Montréal ne joint pas le grand club, il doit poursuivre son développement ailleurs plutôt que de demeurer au sein d’une structure du club montréalais. Ce ne sont pas tous les joueurs qui atteignent leur plein potentiel à 18 ans et le CF brûle donc une cartouche qui lui permettrait, avec moins d’efforts financiers que des transactions, d’améliorer sa profondeur.

Il y a quelques années, l’Impact pouvait notamment compter sur l’espoir québécois Anthony Jackson-Hamel. Il n’a jamais pu décrocher un poste de titulaire, mais il était un «super remplaçant» qui avait un impact, sans faire de mauvais jeu de mots, lors de ses entrées sur le terrain. Cette saison, en raison de son manque de profondeur, si le CF ne pouvait compter un soir sur le génie de l’attaquant Josef Martinez et des milieux Bryce Duke et Caden Clark, les deux espoirs n’ayant d’ailleurs pas été développés par le CF, l’offensive montréalaise tombait en panne.

Réflexions aussi chez le CH

Le mauvais début de saison des Canadiens de Montréal me fait aussi interroger sur la qualité des fondations du Tricolore. D’abord, la troupe de Martin St-Louis n’a pas connu un camp d’entraînement du tonnerre. Si l’efficacité de l’avantage numérique du Bleu-blanc-rouge s’est améliorée comparativement à l’an dernier, tout le reste semble s’écrouler. Plus particulièrement, le jeu défensif du club montréalais est tout simplement atroce.

Plusieurs attaquants semblent plus préoccupés par leurs statistiques offensives personnelles qu’aider leur club à éviter de se faire humilier par ses rivaux du circuit Bettman. Ça, c’est sans compter plusieurs fantômes à l’attaque, et je ne parle pas des esprits du Forum.

Je crois que pour plusieurs jeunes joueurs du Tricolore, le tout est provoqué par la décision de l’organisation, ou l’obligation en raison de la reconstruction, de leur faire sauter des étapes. C’est évident que des joueurs comme Lane Hutson, Cole Caufield ou Nick Suzuki auraient perdu leur temps dans la Ligue américaine de hockey, mais pourquoi certains de leurs jeunes coéquipiers, tels Oliver Kapanen ou Arber Xhekaj, n’ont pas joué une saison complète avec le club-école des Canadiens avant de faire le grand saut.

La Ligue nationale de hockey, ce n’est pas l’endroit pour apprendre, mais pour performer. Et malheureusement, on voit qu’en ayant fait sauter cette étape cruciale à ces joueurs, ils ne performent pas à leur plein potentiel avec le grand club. L’exemple le plus frappant est celui d’Arber Xhekaj. L’espoir domine dans son rôle de matamore, mais il n’a pas encore atteint son plein potentiel quant à son jeu défensif et ses passes de relance. N’ayant pas développé à la dure sa confiance pendant le temps nécessaire dans la Ligue américaine de hockey, le jeune défenseur ontarien a eu l’air d’être aussi mêlé qu’un jeu de cartes lors de ses rares apparitions dans l’alignement des Canadiens cette saison.

Également, il est évident que l’apport de davantage de vétérans permettrait de soutenir les jeunes fondations du club montréalais. Le départ de Sean Monahan, entre autres, semble affecter le groupe de Martin St-Louis cette année.

Pour éviter que la douloureuse reconstruction du Tricolore avorte, il faut désormais que le noyau montréalais passe à un autre niveau, soit celui d’avoir un beau jeu défensif et de se salir le nez pour compter les fameux «buts poubelles». Ce n’est pas le volet le plus excitant d’un match de 60 minutes de hockey, mais c’est ce qui permet de faire la différence entre les clubs qui ont du succès dans le circuit Bettman et ceux qui végètent en milieu de peloton ou dans les bas-fonds du classement.

Mikaël Lalancette met en lumière la carrière du défenseur offensif, Jean-Claude Tremblay, dans son dernier ouvrage. - Photo : Courtoisie

Recommandation littéraire

En terminant, je vous recommande fortement de mettre la main et de lire le nouvel ouvrage de Mikaël Lalancette, Jean-Claude Tremblay – Le magicien de la ligne bleue. J’ai dévoré cette biographie sur le méconnu défenseur offensif qui a été derrière les succès des Canadiens de Montréal, pendant les années 60, et qui a été le joueur étoile crédibilisant les débuts des Nordiques de Québec dans l’Association mondiale de hockey, dans les années 70.

Si je n’ai qu’une critique à faire, c’est que j’aurais pris encore plus d’anecdotes et de détails sur la carrière du hockeyeur saguenéen, reconnu pour son côté bougonneux.

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