Par Érick Deschênes
Toutefois, l’espace chroniques du Journal me permettra de quitter momentanément la réserve exigée d’un directeur général d’un journal et reprendre la plume. Grâce à cette aventure, je renouerai avec un ancien amour : le journalisme sportif. Avant mon passage au Journal, j’ai notamment eu la chance de couvrir le football collégial et le football universitaire, principalement à CHYZ 94,3 (radio de l’Université Laval). Je vous partagerai donc au fil des prochains mois mes réflexions et opinions sur le fabuleux monde du sport.
Comme premier sujet de chronique, je ne pouvais passer à côté de l’été plein de feux d’artifice que nous a offert Kent Hughes, le directeur général des Canadiens de Montréal. Une période marquée une nouvelle fois par une importante transaction, celle qui a permis au Tricolore de mettre la main sur l’ailier droit finlandais Patrik Laine et un choix de deuxième tour en 2026 des Blue Jackets de Colombus en échange du défenseur Jordan Harris.
Pour moi, la formule rendue populaire par René Lévesque, le «beau risque», décrit bien ce mouvement majeur de personnel effectué par le grand manitou du CH (et possiblement le fait de me lancer dans la chronique sportive).
Après trois années de reconstruction où sa jeune équipe a affiché sa combativité malgré les revers, Kent Hughes se devait de récompenser les efforts et les sacrifices consentis par ses jeunes joueurs ainsi que l’équipe d’entraîneurs menée par Martin St-Louis.
Après des saisons de misère où l’équipe a pu bien se positionner pour obtenir des espoirs de premier plan comme Juraj Slafkovsky, David Reinbacher et Ivan Demidov, la Sainte Flanelle passe désormais à l’étape cruciale d’une reconstruction : apprendre à gagner.
Et pour y arriver, il était clair que la mission principale de Kent Hughes cet été était d’améliorer son «top 6» à l’attaque. Si le premier trio composé de Juraj Slafkovsky, Nick Suzuki et Cole Caufield a pris son erre d’aller au cours de la dernière campagne et a tous les outils pour devenir un premier trio d’élite dans la Ligue nationale de hockey (LNH), il était évident qu’il manquait un autre dangereux buteur sur la deuxième ligne.
Pari gagnant…
Un rôle qui sied à merveille à Patrik Laine, le gros ailier finlandais ayant déjà signé une saison de 44 buts au début de sa carrière dans le circuit Bettman. Si le problème de santé mentale qui l’a incité à joindre le programme d’aide de la LNH est chose du passé, Laine a tous les outils, particulièrement son tir vif du poignet, pour redevenir l’un des buteurs les plus prolifiques du circuit Bettman.
Kent Hughes ne pouvait pas passer à côté de cette occasion. Si le salaire du Finlandais est imposant, à près de 9 M$ par année, il ne lui reste que deux années de contrat à écouler. Ainsi, si Laine retrouve sa touche magique, cela donne du temps au directeur général du CH pour le convaincre de poursuivre l’aventure à Montréal à long terme, tout en lui accordant un contrat qui s’harmonisera à la structure salariale du club montréalais, l’organisation ayant déterminé que son plus haut salarié doit être son capitaine, Nick Suzuki (moyenne de 7,875 M$ par saison). Et en plus de pouvoir obtenir les services d’un buteur élite dans la LNH, Hughes a obtenu un choix de deuxième ronde pour permettre aux Blue Jackets de se débarrasser de Laine, lui qui ne voulait plus porter les couleurs de la formation de l’Ohio.
De plus, si Laine redevient le buteur d’au moins 30 buts par saison, il permet au Tricolore de mettre fin à sa dépendance à son trio Slafkovsky-Suzuki-Caufield pour amener le disque noir au fond des filets adverses. L’an dernier, les équipes adverses ont pu exploiter cette faiblesse, notamment pour briser les avantages numériques des Canadiens alors que l’on cherchait souvent à faire la passe transversale à Caufield pour que le petit Américain la mette dedans.
Avec tous ses attaquants en santé et affûtés ainsi que l’ajout de Laine, la Sainte Flanelle peut théoriquement compter sur quatre trios qui peuvent être dangereux offensivement à égalité numérique ainsi qu’une «super» unité d’avantage numérique ou deux quintettes plus menaçants pour punir les équipes qui écoperont de pénalités contre la troupe montréalaise.
…ou qui avortera
Toutefois, ce n’est pas pour rien que Colombus a offert un choix de deuxième ronde en compagnie de Laine en échange de Jordan Harris. Le jeune défenseur américain est efficace et a rendu de bons services au CH, mais il s’agit d’un arrière de troisième duo dans la LNH. Avec les nombreux défenseurs talentueux au sein de son organisation, les Canadiens de Montréal pouvaient se permettre de le céder.
Comme à Winnipeg, sa première équipe dans la LNH, l’aventure de Laine en Ohio a tourné en queue de poisson. Le courant n’a pas passé encore une fois avec plusieurs vétérans de l’équipe et comme au Manitoba, le Finlandais a demandé de changer d’air. De plus, le massif ailier a fait face à plusieurs blessures depuis le début de sa carrière professionnelle qui l’a empêché de disputer des saisons complètes depuis plusieurs années.
Également, même si le CH ne mise pas sur un système défensif hermétique digne des belles années de la «trappe», il est demandé à tous les joueurs de faire leur effort respectif dans la zone défensive. Un aspect du jeu dans lequel n’a pas particulièrement brillé Laine depuis le début de sa carrière, pour demeurer poli.
Ainsi, Patrik Laine pourrait aussi être une copie d’un autre Finlandais membre des Canadiens, Joel Armia. Un joueur qui a tous les outils dans son coffre pour être un attaquant menaçant, mais qui ne fait la différence qu’à certains moments au cours de la saison et qui fait rager l’amateur à plusieurs occasions.
Par contre, les bénéfices potentiels rendent le mouvement orchestré par Hughes bien plus intéressant que les conséquences négatives que pourrait avoir l’arrivée de Patrik Laine chez le Tricolore.
Si l’expérience s’avère concluante, Laine pourrait faire grimper le CH, du dernier tiers des équipes de la LNH au milieu de peloton. Cela permettrait aux Montréalais de se battre sérieusement pour une place en séries. Sinon, le Finlandais permet à sa nouvelle équipe de demeurer une équipe combative et qui forme bien ses talentueux espoirs, dans une saison qui, avouons-le, ne mènera pas les Canadiens de Montréal en finale de la coupe Stanley.
Maintenant, à Patrik Laine de déterminer quelle tangente prendra son passage chez les Habs!