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Troisième lien

Bertrand Goulet persiste sur la nécessité d’un périphérique autoroutier

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Photo : Éric Gourde - La Voix du Sud

09 juin 2024 10:09

L’ancien député de Bellechasse et longtemps impliqué dans le développement économique à Québec et Charlesbourg, Bertrand Goulet, vient de compléter une réflexion de quelques années sur la mobilité des personnes et des véhicules dans la grande région de Québec. Il vient d’ailleurs de rendre public un document illustrant ses réflexions et simplement intitulé : La Boucle.

Par Éric Gourde – La Voix du Sud

Selon lui, la perspective d’un nouveau lien interrives doit être replacé dans une perspective plus large qu’uniquement la fluidité de la circulation. Elle doit également inclure la mobilité des personnes et des marchandises, sans oublier l’empreinte écologique et le développement économique, à la fois de Québec et Lévis, mais aussi leurs régions respectives.

La solution, pour M. Goulet, d’un lien interrives reliant les régions de Québec et Lévis, s’est toujours située à l’est du territoire. C’est pourquoi il suggère de bonifier le réseau de transport dans la région grâce au périphérique suggéré par certains dans le passé. Il dit s’intéresser au dossier depuis plusieurs années et avoir suivi l’actualité qui y était reliée. Au cours de l’hiver, l’idée de produire une synthèse de ses observations et ses idées sur le sujet a finalement émergé. «L’opinion publique n’a pas changé. Des gens s’en occupent, comme certaines MRC qui ont choisi de se regrouper, mais il n’y a jamais eu de démarche de la masse. Les élus se parlent entre eux», se désole-t-il.

La solution qu’il souhaite revoir dans l’actualité est celle d’un véritable périphérique autoroutier interrives en utilisant les infrastructures déjà existantes, un réseau moderne de transport en commun structurant desservant les deux rives, un service pour le transit des piétons entre les centres-villes par une navette fluviale intégrée aux réseaux de transport en commun, de même qu’un accès aux deux rives pour l’île d’Orléans.

M. Goulet prétend ne pas réinventer les choses. Son opinion a toujours été basée sur de nombreuses études déjà réalisées sur le sujet et dont l’origine remonte à plusieurs années, citant notamment le «Comité du lien sous-fluvial à l’est de Lévis-Québec» présidé par l’ex-maire de Beaumont, Réal Lapierre, au milieu des années 1990. «D’autres ont travaillé là-dessus, il y a plus de 30 ans, et je suis toujours d’accord avec ce principe. Dans le temps, on prenait la traverse de Lévis et lorsque le pont Laporte s’est construit, on se disait souvent que si on traversait immédiatement de l’autre côté, on sauverait du temps. Je me suis rendu dans Bellechasse récemment et j’ai dû faire le détour par les ponts et eu la même réflexion.»

Se mêler de nos affaires

S’il se réjouit du retour du sujet dans l’actualité, il juge curieux que les gens issus des différents comités de la région demandent au gouvernement de proposer des options. «S’il y a quelqu’un qui connaît les problématiques vécues sur le terrain, ce sont bien les gens de la région et, en principe, nos élus. Les solutions appropriées devraient provenir du milieu. Ma position est une suggestion parmi tant d’autres. Il y a sûrement moyen de proposer des choses, comparer les formules qui existent, de même que les pours et les contres.»

Bertrand Goulet, qui aura 80 ans en novembre, est également revenu sur son passage en politique et sur le prolongement de la route 279 vers Beaumont, qui évitait désormais de traverser toute la localité de Saint-Charles et, ainsi, éviter un détour de six kilomètres. «Le gouvernement du Parti québécois m’avait permis de le faire à l’époque et dans ma tête, la prochaine étape était de traverser le fleuve.»

M. Goulet observe une certaine indifférence de la population et des élus, expliquant son propos en disant que ce qui manque à l’Est, c’est de l’information et une diffusion des opinions. «Ce ne sont pas les industries, l’argent, les ressources humaine ou naturelles. Aux deux dernières élections, les gens ont voté pour un projet et après, on n’entendait rien, ou presque. Une prochaine élection s’en vient, on va recommencer à en parler. Ça fait des décennies que ça se passe comme ça. Après, on s’assoit et on ne dit plus rien. Il faut dire au gouvernement ce que l’on veut.»

Sa réaction à la suite de l’annonce récente d’un nouveau pont à l’île d’Orléans est plutôt cinglante. «Une population de 7 000 habitants s’est mobilisée pour dire haut et fort qu’ils ne voulaient pas de lien interrives qui traverserait l’île. Résultat, le gouvernement annonce le projet d’un pont au coût de 2,65 G$. Imaginons un seul instant les résultats probants à la suite d’une mobilisation de 1,2 millions de citoyens et citoyennes des régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches. Les choses auraient bougé plus vite.»

S’impliquer

Loin de vouloir jouer les belles-mères ou les donneurs de leçon, M. Goulet anticipe tout de même que le rapport de la division Infra de la Caisse de dépôt et placement du Québec écartera un nouveau lien entre les deux rives comme solution aux problématiques vécues à l’heure actuelle.

«Le maire Marchand (Bruno) disait récemment que le rapport qui allait sortir avait été pondu par quelqu’un d’indépendant, sauf qu’il avait un sourire aux lèvres. Alors je crois que ce qui va sortir, ce sera le tramway légèrement modifié, mais pas plus.»

Bertrand Goulet affirme que ce n’est pas en empêchant les gens d’accéder à une ville que l’on va accélérer son développement. «Il m’est difficile de comprendre l’attitude de certains intervenants pour une approche passive à l’égard d’un véritable réseau autoroutier interrives. Les centres-villes, c’est bien de s’en occuper, mais aussi ne pas oublier les très nombreux individus, activités et besoins en périphérie et à l’extérieur», insiste-t-il.

Il observe que les environnementalistes ont toujours été là, mais que leur façon de faire s’est durcie avec le temps. «On leur laisse la place et on ne dit pas un mot. Ces gens-là sont minoritaires, à mon point de vue, mais lorsqu’on suit les médias, on dirait qu’ils sont majoritaires et ce n’est pas le cas. Ils prennent leur place et c’est très bien, mais on a qu’à faire la même chose», suggère-t-il.

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