«Ce qu’on remarque sur le terrain, oui il y a une rareté et les chiffres le démontrent, mais nous ne sommes pas en situation d’urgence. Le 1er juillet, il n’y aura pas de familles à la rue. C’est inquiétant, mais ce n’est pas paniquant. […] On y échappe cette année, mais l’an prochain, les indicateurs ne semblent pas présager que ça ira en s’améliorant», a d’emblée partagé Édith St-Hilaire, la directrice d’Espace Finances, lors d’une entrevue téléphonique le 28 juin.
«Je parle notamment avec mon collègue de Drummondville et la situation là-bas est pathétique. Dans cette ville, il y a 120 ménages qui n’ont pas de logement pour le 1er juillet. C’est terrible! Il n’a même pas de marge de manœuvre au niveau des logements disponibles pour aider des ménages grâce au Programme de supplément au loyer. À Lévis, nous ne devrions pas avoir de ménages à la rue le 1er juillet», a renchéri François Roberge, directeur général de l’Office municipal d’habitation (OMH) de Lévis, lors d’une entrevue menée également le 28 juin.
Cependant, comme Espace Finances et l’OMH de Lévis l’ont constaté, les démarches pour trouver un logement abordable à Lévis sont plus ardues que dans les dernières années pour les gens qui recherchent un tel appartement. Depuis le 1er janvier dernier, le Service d’aide à la recherche de logement (SARL) de Lévis, un projet piloté par Espace Finances et l’OMH de Lévis, a reçu près d’une soixantaine de demandes.
«Ce sont des clients qui se sont fait évincer ou qui allaient se faire évincer de leur logement. Il y avait aussi des gens pour qui leur logement était trop cher pour leurs moyens ou qui avaient des difficultés à se loger puisqu’ils ont peu ou pas de moyens pour le faire. On a pu les informer, les orienter et les accompagner dans la recherche de logement», a illustré Marie-Michèle Massicotte, conseillère d’Espace Finances dédiée au SARL.
L’inflation : la grande coupable
Pour expliquer l’accentuation de la crise du logement à Lévis, Édith St-Hilaire et François Roberge pointent notamment l’inflation. Selon la directrice d’Espace Finances, la mensualité demandée pour plusieurs appartements de la région a augmenté en raison de la hausse du coût de la vie, des unités qui ne sont plus abordables pour plusieurs citoyens. De plus, la hausse des taux d’intérêt a incité plusieurs personnes à reporter leur projet d’acquérir une maison et ainsi demeurer en appartement, réduisant également le nombre d’appartements abordables dans la région.
«Depuis plus de 10 ans, normalement, dans le logement abordable non subventionné, on avait entre 30 et 40 départs de ménages voulant accéder à la propriété ou qui voulaient s’établir dans un autre type de logement, libérant le même nombre d’appartements. Cette année, on a eu 13 départs pour ce type d’unités», a imagé M. Roberge.
Également, si plusieurs chantiers sont apparus à Lévis, qui permettront l’ajout de plusieurs centaines d’unités résidentielles haut de gamme, la construction de logements abordables demeure un «enjeu» à Lévis, selon Édith St-Hilaire.
Mettre en place rapidement les solutions
D’ailleurs, les intervenants rencontrés par le Journal sont catégoriques. Il ne faut pas que le développement de nouvelles unités de logements abordables freine à Lévis, en raison des besoins importants à ce chapitre.
«C’est sûr que c’est beaucoup plus tendu ailleurs au Québec. À Lévis, on a eu de belles années de construction de projets de logements abordables. (Si le gouvernement provincial) n’avait pas décidé de lever le pied en 2016, on serait la meilleure ville au Québec pour aider notre monde. Là, on est limite. Il ne faut pas oublier qu’un projet de logement abordables, ça prend au moins deux ans. Cette année, on a rajouté 100 logements à notre parc immobilier. Ils sont déjà tous loués et nous avons encore 250 personnes sur notre liste d’attente», a expliqué le directeur général de l’OMH de Lévis.
En plus de l’ajout de nouvelles unités de logements abordables, Édith St-Hilaire croit que la Ville de Lévis devrait s’inspirer d’autres villes québécoises et mettre en place un programme d’accès à la propriété. Comme plusieurs intervenants et des partis politiques le réclament, elle croit aussi que l’implantation d’un registre public des loyers, une solution «peu coûteuse à implanter» qui pourrait diminuer la tendance à la hausse des mensualités pour les appartements, est pertinente en raison de la gravité de la crise.