mercredi 2 avril 2025
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Ressources intermédiaires : un manque à combler

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Manon Charpentier, directrice générale de l’Association des ressources intermédiaires d’hébergement du Québec (ARIHQ). – Photo : Courtoisie

01 avr. 2025 05:33

Au Québec, ce sont près de 5 000 personnes qui sont en attente d’une place en ressource intermédiaire (RI). Dans la région de la Chaudière-Appalaches, ce sont 305 personnes qui attendent une de ces places convoitées. Le Journal s’est entretenu avec des acteurs du milieu afin de comprendre les besoins et la réalité de ce type de ressources importantes pour le réseau de la santé au Québec.

À lire aussi : Comprendre la réalité des ressources intermédiaires

Avec un réseau composé de 1 200 RI à travers le Québec qui héberge près de 20 000 personnes, l’Association des ressources intermédiaires d’hébergement du Québec (ARIHQ) a récemment établi un portrait des besoins en RI sur le territoire, alors que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) ne dévoilait pas de statistiques à ce chapitre.

Après avoir fait plusieurs demandes d’accès à l’information, l’ARIHQ a pu établir que ce sont près de 5 000 personnes qui attendent une place en RI parmi leurs différentes clientèles, soit les personnes âgées en perte d’autonomie, les personnes vivant avec une déficience intellectuelle (DI) ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA), un trouble de santé mentale ou des problèmes en dépendance. Ce chiffre est «énorme» pour la directrice générale de l’ARIHQ, Manon Charpentier.

Maisons d’hébergement avec soins, les RI permettent aux différentes clientèles de vivre dans un milieu de vie où de l’assistance et des soins peuvent leur être fournis à toute heure du jour ou de la nuit, et ce, tous les jours de la semaine. Ces milieux de soins nécessitent donc d’avoir du personnel en tout temps pour s’occuper des résidents.

En attendant d’avoir une place, la clientèle des RI obtient parfois du soutien à domicile ou dépend de soutien de proches aidants. D’autres se retrouvent à la rue ou occupent des lits dans les hôpitaux alors que ce n’est pas le milieu adapté à leur condition.

«En date du début du mois de mars, il y avait 800 personnes en attente d’une place en RI qui étaient à l’hôpital. Les gens ne sont pas au bon endroit, ils se déconditionnent, ils sont démoralisés. Ça coûte une fortune à l’État», souligne Manon Charpentier.

Comme les ressources intermédiaires sont des établissements privés qui fonctionnent sous contrat avec le gouvernement du Québec, c’est celui-ci qui finance les places de chaque résident et qui détermine qui est placé dans quelle ressource. Les règles de fonctionnement sont également établies par le gouvernement. Par mois, une personne placée en RI coûte environ 5 000 $ à l’État, alors qu’une personne à l’hôpital en coûte 1 400 $ par jour.

Des négociations à venir

Dans les dernières années, les défis touchant notamment l’immobilier et la hausse des coûts ont empêché la création de nombreuses RI, alors que l’ARIHQ ne recevait aucune réponse à ses appels d’offres.

«(Le montant accordé à l’immobilier) a été négocié en 2020, au début de la pandémie. Avec l’explosion des coûts en immobilier, le montant qu’on nous donne ne nous permet pas de construire», indique la directrice générale de l’ARIHQ.

«Les gens se demandent comment ils vont faire pour continuer d’opérer, ajoute-t-elle. Tout augmente, c’est de plus en plus difficile, considérant que notre financement ne suit pas nécessairement les besoins.»

L’ARIHQ commencera toutefois ses négociations entourant le renouvellement de contrat avec le gouvernement au mois d’avril. Les demandes sont claires pour la directrice générale : il faut augmenter le financement pour permettre la construction de nouvelles ressources, aider au maintien de celles qui sont existantes, diminuer la lourdeur administrative pour les RI et augmenter les salaires pour les employés qui gagnent un revenu moindre que dans le réseau public.

«Il y a une volonté du ministère, mais après, il faut voir si le Conseil du trésor suivra. Ils sont conscients qu’on doit construire, mais ils doivent absolument bonifier la portion de l’immobilier. À partir du moment où on aura cela, on va pouvoir (ouvrir de nouvelles places)», conclut Manon Charpentier. 

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