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Travailleurs étrangers temporaires : une situation alarmante

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Photo : Courtoisie - IDTerritoire

11 mars 2025 05:31

À la suite des annonces du gouvernement concernant la baisse des quotas des travailleurs étrangers temporaires cet automne, la Table régionale des élus municipaux de la Chaudière-Appalaches (TREMCA) et Chaudière-Appalaches Économique ont mené un sondage auprès des entreprises du territoire afin de mettre en lumière les impacts négatifs de ces mesures pour l’économie régionale. Ces résultats ont été présentés dans le cadre du Forum régional en immigration de Chaudière-Appalaches, qui se déroulait à Scott, le 26 février dernier.

Ce sont 213 entreprises de chacune des MRC de la Chaudière-Appalaches et de la Ville de Lévis, dont 40 sur le territoire de la MRC de Lotbinière, qui ont participé à ce sondage.

Parmi les résultats, on constate que ce sont 4 606 travailleurs étrangers temporaires, dont plus de 450 sont installés dans Lotbinière, qui sont en emploi dans les entreprises participantes, c’est-à-dire 8 % des salariés de la Chaudière-Appalaches.

Ainsi, à l’automne dernier, le gouvernement annonçait que les quotas de travailleurs étrangers temporaires passeraient de 20 % à 10 % pour les postes à bas salaires et que la révision des évaluations d’impact sur le marché du travail de ces employés sera à réévaluer chaque année plutôt qu’aux deux ans.

«La région ne peut se permettre de perdre ses travailleurs étrangers temporaires dotés de connaissances et d’expertises précieuses souvent uniques dans la région. Ces nouvelles mesures menacent également les emplois de travailleurs canadiens et québécois, avec des risques de fermeture de quarts de travail ou de délocalisation partielle de leur production», peut-on lire dans le document de la TREMCA.

Pour Daniel Turcotte, maire de Val-Alain et préfet de la MRC de Lotbinière, ces mesures ne répondent pas à la réalité du marché du travail de la Chaudière-Appalaches.

«Encore une fois, ça nous indique que le gouvernement travaille toujours en appliquant des logiques mur à mur. On voit clairement que la Chaudière-Appalaches a le taux de chômage le plus bas au Québec, les postes vacants sont très nombreux. On a appliqué des mesures qui ont peut-être lieu d’être dans les grands centres, mais ici, c’est différent. On met à risques des entreprises qui pourraient subir des bris de services ou des pertes de contrats», déplore-t-il.

Des chiffres

Le sondage de la TREMCA indique que si le maintien des politiques d’immigration actuelles ne change pas d’ici 2026, ce sont 1 273 travailleurs qui devront être mis à pied. Rappelons que plus du tiers d’entre eux sont venus s’installer dans la région, accompagnés de leur famille, et que 60 % d’entre eux devront résilier leurs baux de logement en 2025, si la situation demeure ainsi.

127 entreprises qui ont répondu au sondage soulignent qu’elles devront réduire leur capacité de production, dont 57 % l’estime à hauteur de 10 % à 40 % et 15 % à hauteur de 50 % à 100 %. Plus de 40 % des répondants ont partagé qu’ils prévoient perdre des contrats et plus de 23 % des entreprises en subiront des pénalités pour non-respect des ententes. Ces pertes ont été évaluées à hauteur de 50 000 $ à 10 M$.

«C’est un gros pas en arrière. Les entrepreneurs se sont mobilisés pour faire des logements pour accueillir les travailleurs étrangers, on les a accompagnés pour qu’ils s’adaptent et on a mis sur pied des services pour les aider. On a travaillé très fort pour les accueillir», explique Daniel Turcotte.

D’autres constats ont été partagés par les entreprises, notamment que près de 25 % des répondants prévoient fermer un quart de travail engendrant possiblement des coupures de postes pour 450 travailleurs québécois. 27 entreprises employant plus de 7 000 travailleurs prévoient un transfert de leur production hors Québec, dont 52 % à hauteur de 10 % à 40 % et 30 % à hauteur de plus de 50 %. Le sondage a également indiqué que neuf entreprises sondées envisagent une délocalisation à court terme, provoquant des répercussions auprès de 700 employés.

Assurer la vitalité économique

Pour le préfet de la MRC de Lotbinière, ces mesures pourraient entraîner un «effet domino» sur toute l’économie de la région.

«Ça fait rouler notre économie et ça assure des services sur notre territoire. S’il y a beaucoup d’employés, c’est qu’il y a une demande sur le terrain via les entreprises locales et les municipalités. Et si la demande augmente, ça demande un plus grand nombre d’employés qui eux consomment localement, c’est une roue qui tourne qui fait que l’économie se tient bien», soutient-il.

Ainsi, les élus de la Chaudière-Appalaches demandent aux gouvernements provincial et fédéral de «renforcer leur collaboration intergouvernementale et d’exempter les travailleurs étrangers temporaires établis au Québec avant l’imposition des nouvelles mesures d’immigration». Aussi, ils demandent, pour les régions à faible taux de chômage, de ramener les quotas de travailleurs étrangers temporaires à bas salaires à 20 % et de réinstaurer la révision des évaluations d’impact sur le marché du travail de ces employés aux deux ans.

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