Par Claude Genest – Collaboration spéciale
L’article du Newsweek relate que des gens perdent des documents électroniques, comme des vidéos de leurs enfants, en s’appuyant sur la fausse prémisse que les documents électroniques ont une durée de vie «éternelle». À preuve, pensons seulement aux vieilles cassettes «beta», aux disquettes périmées ou encore au CDRoms que l’ordinateur n’est plus capable de lire. Sans compter la suppression automatique de documents à des dates fixées par les organisations.
Il y a là un danger de perdre des documents importants, créant ainsi des trous de mémoire irréparables. En d’autres mots, vos descendants auront dans certains cas plus de chance de lire un vieux document papier de vos ancêtres que vos documents électroniques. Ce qui ne veut pas dire que vos vieux papiers sont éternels aussi, entendons-nous.
À ce risque de perdre des documents, il faut ajouter celui des cyberattaques qui ont déjà, et qui auront encore, dans le futur, le potentiel de causer des dommages comme en témoigne cet article publié par l’ancien président des États-Unis, Barak Obama, dans The Wall Street Journal du 20 juillet 2012 («Taking the Cyberattacks Threat Seriously»).
Bref, il faut demeurer prudent face à cette confiance qu’ont les humains envers la pérennité des documents produits électroniquement et il faut au moins réfléchir avant de détruire des collections papier. Car il y a place pour les deux et c’est là que réside la réelle force du numérique. Cette technologie permet de rendre plus largement accessibles des documents qui étaient autrefois confinés dans des endroits réservés strictement à la consultation sur place.
J’ai déjà passé des mois à la bibliothèque de l’Assemblée nationale à Québec pour dépouiller des journaux anciens. Aujourd’hui, grâce au projet de numérisation de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), on peut lire d’anciens journaux québécois confortablement installé chez soi. Le numérique permet aussi de donner une seconde vie à des documents d’archives menacés ou à des photos publiées. La technologie permet de réaliser des projets très intéressants, comme la reproduction agrandie de la statue de François-Gaston de Lévis installée en 2013 à la terrasse du Chevalier De-Lévis.
Quoi qu’il en soit, on peut conclure que la question de la pérennité des documents numériques est un enjeu qui mérite que l’on s’y attarde sérieusement, notamment au sein des organisations publiques ou privées, d’autant plus que bon nombre de documents sont stockés dans des nuages qui ne nous appartiennent guère.
C’est pourquoi il est souhaitable de conserver une copie papier archivée des documents les plus rares et importants. Si vous voulez que les historiens parlent de vous ou de votre organisation, assurez-vous d’abord de laisser des traces qui traverseront le temps afin de ne pas aboutir dans les poubelles virtuelles de l’histoire.