Ici à Lévis, la Corporation du patrimoine et du tourisme religieux de Lévis (CPTRL) a publié, en 2015, un magnifique Guide touristique du patrimoine religieux de Lévis. Ce recensement exemplaire nous permet de constater à la fois la richesse, mais aussi la diversité de ce patrimoine qui comprend des lieux de cultes, bien sûr, mais aussi des instruments de musique, des œuvres d’art, des croix et des calvaires. Ce travail de recherche fut réalisé par Marjorie Côté et illustré par cette dernière avec Luc Fontaine.
D’entrée de jeu, la présidente de la Corporation, Monique Lehouillier, nous rappelle dans cette publication de 94 pages qu’une «société sans reconnaissance de son héritage culturel, matériel et immatériel est vouée à la perte de son identité, de ses trésors et de son histoire». Une mise au point très à propos dans ce monde lancé au galop où certaines modes du jour ne se soucient guère de laisser des traces. L’opuscule de la Corporation nous offre de beaux exemples de préservation et de reconversion qui peuvent servir d’exemples encore aujourd’hui.
Il y a plusieurs années, à l’occasion d’un congrès de la Fédération Histoire-Québec, je me souviens d’une discussion informelle de corridors avec une dame de Montréal qui déplorait les difficiles enjeux qu’elle rencontrait en vue de préserver et de reconvertir l’église de sa paroisse. Je lui avais dit que je comprenais, mais qu’à ce sujet, Lévis est un endroit où il a été démontré à quelques reprises que cela est possible de maintenir vivant, voir de donner une nouvelle vie, à ces bâtiments uniques.
Pensons, entre autres, à L’Anglicane convertie en salle de spectacle en 1975, au Monastère des Sœurs Adoratrices du Précieux Sang en résidence, au Monastère des Sœurs de la Visitation qui abrite le Patro de Lévis ou encore les deux chapelles de procession de Lauzon sauvées par la Société d’histoire de Lévis. Ajoutons la magnifique chapelle du Collège de Lévis reconvertie en bibliothèque en 1996 à la mémoire du premier archiviste du Québec, Pierre-Georges Roy. Derrière chacune de ces reconversions, on retrouve des gens passionnés, soucieux de leur milieu et surtout à l’écoute de ses besoins afin de saisir des opportunités structurantes pour le bien commun.
Bref, il y a là sous nos yeux, d’est en ouest ainsi que du nord au sud de Lévis, tout un livre d’histoire universel, parfois à ciel ouvert, inséré stratégiquement dans les communautés que l’on tient parfois pour acquis et qui ne demande qu’à être redécouvert. Lorsque vous regardez les sculptures de Saint-Richard, Saint-Eusèbe, Saint-Casimir et du Saint Curé d’Ars toutes quatre à Saint-Romuald, ce ne sont pas des personnalités du coin que vous contemplez, mais des gens ayant vécu à d’autres époques et dans d’autres lieux qui furent vénérés par les anciens habitants de la Rive-Sud. Tout cela mérite le respect.