SOCIÉTÉ. D’aussi loin qu’il se souvienne, Steve Boutet a toujours aimé la lutte. De la cour arrière de la maison familiale de Saint-Apollinaire, à ses performances dans le ring aujourd’hui, il a vécu en ayant son rêve en tête.
«Quand j’étais petit, je me suis levé un soir. Mon père faisait le tour des postes de télévision et quand j’ai vu la lutte à la télé, ç’a capté mon imagination. Plus tard, mon grand frère faisait des prises de lutte avec ses amis et pour le plaisir et j’ai embarqué», s’est rappelé Steve Boutet. C’est après avoir assisté à un premier gala de lutte que son amour pour le sport s’est cristallisé.
Le petit garçon de l’époque ne pouvait pas se douter qu’en 2023, il serait le président de la fédération de lutte numéro un au Québec depuis 12 ans, la North Shore Professional Wrestling (NSPW). Pourtant, à l’adolescence, il avait déjà ce rêve de devenir lutteur professionnel et il en parlait souvent à ses camarades du secondaire.
Dès la jeune vingtaine, il débute les cours de lutte et développe de plus en plus ses habiletés. «C’est sûr que j’aurais aimé percer aux États-Unis, mais je n’avais pas le physique pour ça. Quand j’ai commencé à lutter, je pesais 125 livres. À six pieds trois pouces, ce n’est pas impressionnant.»
Tout ce parcours pour réaliser son rêve lui a cependant demandé beaucoup de sacrifices au niveau personnel et professionnel, rappelle-t-il.
La NSPW
La NSPW célébrera son 15e anniversaire en octobre prochain. Pourtant, au départ, ce n’était pas un projet à long terme, mais le succès rencontré dès le début était le point de départ de cette aventure.
«Nous avons commencé dans une salle communautaire de Pont-Rouge. Nous avions une entente pour trois galas et je me disais qu’après ce serait assez. Après 15 ans, on a accueilli 1 500 personnes dans le Stade Canac et tous les galas qu’on a faits au Diamant ont affiché complet des mois à l’avance. C’est incroyable ce qui se passe, je ne le réalise pas encore», a-t-il confié, ajoutant qu’il n’y a pas qu’à Québec que la lutte rencontre le succès. «En général, au Québec, la lutte est en santé.»
Malgré tout, certains ont encore une image négative de la lutte professionnelle, une image que Steve Boutet et les autres lutteurs veulent redorer. «C’est dommage parce que ce sont des artisans qui travaillent très fort. Tu ne peux pas arriver du jour au lendemain et te dire que tu commences à lutter, tu vas te blesser. Il y a l’école de lutte, l’entraînement au gym. Il y a beaucoup de choses [à faire avant d’entrer dans le ring]», a soutenu M. Boutet.
D’ailleurs, il croit que la série 3 secondes, présentée à Historia, et l’amour de Robert Lepage pour le sport permettent de montrer la lutte sous un autre visage.
«Ç’a ouvert les yeux de bien du monde qui ne savait pas qu’il y avait de la lutte à Québec. […] Quand on lutte au Diamant, il y a un mélange de notre foule habituelle et du public qui vient voir ce que Robert Lepage aime. Au premier gala, on en voyait qui étaient timides au début de la soirée et à la fin, ils avaient embarqué et criaient des insultes aux lutteurs», s’est réjoui Steve Boutet.
Tout ça, c’est sans compter tout le travail dans le ring. En plus de lutter, ils doivent aussi s’assurer que le public en ait pour son argent. Ils se doivent de réagir à ce qui se passe dans la salle, être prêts à improviser si c’est nécessaire.
Gala à Saint-Apollinaire
Des spectateurs survoltés remplissent une salle dont le ring au centre annonce le spectacle à venir. Chacun est là pour voir son lutteur préféré, certains prennent pour les bons, d’autres pour les méchants. Les cris, les insultes et les applaudissements de la foule se rendent jusqu’aux lutteurs en arrière-scène qui attendent d’en mettre plein la vue à ceux qui sont venus les voir.
Le 10 mars prochain, les amateurs de lutte de la MRC de Lotbinière pourront vivre cette expérience avec le passage de la NSPW à Saint-Apollinaire, à 20h, au Centre multifonctionnel.
La carte de la soirée mettra en vedette Marko Estrada, le Géant de Saint-Casimir, Matt Falco et Happy Applewood, de Laurier-Station. «Quand on se déplace en dehors de Québec, c’est sûr que d’avoir des lutteurs de la place, ça aide beaucoup. Il vient de Laurier-Station et il y en aura qui viendront seulement pour lui. Il en est peut-être à son cinquième ou sixième combat à vie et de faire ça devant les siens, c’est le fun pour lui», a précisé Steve Boutet.
En combat principal, Stephen Sullivan (Steve Boutet) se mesurera à son ennemi juré Michel Plante dans un combat de cage.
«Les lutteurs ne pourront pas sortir du ring et personne ne pourra intervenir de l’extérieur. Ce sera un règlement de compte. Tout ça, c’est pour que ce soit plus spectaculaire. Je suis en rivalité avec Michel Plante depuis plusieurs années et il y a toujours du monde qui intervient, là ça se réglera un contre un.»