Photo : Courtoisie

JUSTICE. Lorsque la juge Marie-Claude Gilbert a condamné Serge Gendron à 10 ans de détention le 17 juin dernier, son fils adoptif, Érick Légaré, a senti un énorme poids s’envoler de ses épaules. Celui qui l’a agressé sexuellement pendant quatre ans, alors qu’il était enfant (10 à 14 ans), a pris le chemin de la prison.

«En ce moment, je suis encore chamboulé, mais le mot qui pourrait représenter le mieux ce que je ressens, c’est soulagé. Soulagé, parce que tout le temps que j’ai mis et investi dans tout ça [a donné des résultats]. Soulagé de voir que justice a été rendue, même si ça ne pourra jamais vraiment guérir tout ce qui s’est passé», a-t-il confié quelques semaines après le prononcé de la peine.

Dix ans, c’est la recommandation qu’avait faite la Couronne. Cinq années pour chacune des victimes. Après qu’Érick Légaré a dénoncé son agresseur en 2019, une seconde victime s’est manifestée. La défense de son côté avait plaidé pour une peine de deux ans moins un jour, notamment en raison de l’âge de l’accusé (78 ans) et de ses problèmes de santé. Une option qu’a rejetée du revers de la main la juge Gilbert.

Érick Légaré avait 10 ans en 1981. Lorsqu’il est arrivé à Saint-Apollinaire, dans la famille de Serge Gendron, il a rencontré celui qui aurait dû l’amener à devenir un adulte accompli. Pourtant, moins d’un an plus tard, il était celui qui a abusé de sa confiance.

«Quand tu es jeune et qu’on t’adopte, la personne devant toi c’est l’homme qui est censé être ton père. Il doit te donner les outils pour avancer dans la vie afin de devenir un homme. En fin de compte, ce n’est pas ce qui est arrivé. C’est de l’abus de confiance. J’avais beaucoup de difficulté avec l’autorité parentale, à me faire confiance et ça a affecté mes relations de couple aussi.»

Long cheminement

Rien ne pourra effacer les souvenirs et les traumatismes qu’il a vécus. Cependant, un jour à la fois, il avance sur le chemin de la guérison, mais non sans efforts et sans avoir traversé des périodes sombres et creuses.

«Pendant toutes ces années, chaque fois que j’avais des problèmes, que je rencontrais des obstacles, je fermais les yeux, je mettais ça dans mon petit sac et je continuais à avancer. Sauf qu’en 2016, j’ai fait une tentative de suicide. Grâce au bon travail des pompiers, j’ai été réanimé. C’est à ce moment que je me suis dit que c’était assez, que je ne voulais plus vivre comme ça. Que j’en avais trop sur les épaules et le cœur.»

Il a d’abord pris le temps d’assoir les fondations de sa reconstruction physique et mentale avant de faire le pas et de porter plainte contre son père adoptif en octobre 2019.

Heureusement, pendant tout ce temps, il était entouré d’amis, de proches et de professionnels qui l’ont soutenu dans son cheminement.

«Avant, je ne parlais pas beaucoup. Maintenant, je ne veux rien garder à l’intérieur. C’est important d’être suivi parce que ce sont des gens neutres qui peuvent nous aider à mieux comprendre certaines choses. On se dit qu’on est responsable, mais ce n’est pas le cas. C’est très important d’aller chercher de l’aide.»

Que ce soit avec un professionnel ou un ami, se confier peut faire toute la différence.

«C’est banal, mais ça peut être un simple ami. De lui dire, d’en parler fera peut-être une grosse différence. […] Des gens me disent que je fais preuve de résilience, mais encore aujourd’hui, je ne sais pas comment j’ai fait, mais j’ai des gens autour de moi qui m’aiment et qui m’ont aidé et supporté. Je me confiais et c’est plus facile dans ce temps-là.»

Aider les autres

Érick Légaré a fait lever l’ordonnance de non-publication qui protégeait son identité pour pouvoir raconter son histoire et ultimement aider d’autres victimes à dénoncer et à aller chercher l’aide dont elles ont besoin. «Ce que je veux montrer, c’est que c’est possible, oui c’est ardu, mais c’est faisable si on est bien entouré.»

Il ne le cache pas, le processus est long et difficile, mais il en vaut la peine. «Ça n’a pas été un soulagement dès le départ. Il a fallu que je me présente en cour plusieurs fois, que je confronte cette personne chaque fois, que je revive les événements. En cour, ils vont poser des questions et nommer les choses. […] Souvent, certains n’osent pas parler parce qu’ils craignent de ne pas être entendus ou écoutés. Il faut le faire parce qu’on ne peut pas laisser aller les choses, ça détruit les gens.»

Est-ce qu’il sera capable d’un jour tourner la page ? Il ne le sait pas, mais il y aspire. Aujourd’hui, il est ambassadeur pour l’Association québécoise de prévention du suicide. Il offre des conférences et fait de la prévention. Pour lui, il s’agit d’un outil supplémentaire dans sa thérapie. «Ça me libère, ça m’aide à partager. Je ne peux pas oublier, mais j’espère qu’un jour, je serai capable de passer à autre chose.»

Pour obtenir de l’aide

CALACS Rive-Sud : 1 866 835-8342

Info-aide violence sexuelle: 1 888 933-9007.

Association québécoise de prévention du suicide: 1 866 277-3553.

 

 

 

 

Les plus lus

Eau à Saint-Antoine-de-Tilly : un premier refus de la CPTAQ

La municipalité de Saint-Antoine-de-Tilly est renvoyée à la table à dessin dans le dossier de l’eau potable. Dans son orientation préliminaire rendue publique le 1er septembre, la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) refuse la demande déposée par la Municipalité.

Un soulagement pour la famille Lizotte

POLITIQUE. Lorsqu’elle a pris connaissance de la décision de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), la famille Lizotte a senti un énorme poids quitter ses épaules. Dans son orientation préliminaire, l’organisation se rangeait derrière leurs arguments.

Une action importante pour vos médias

MÉDIAS. Afin de protester contre la décision de bloquer les contenus d'actualités des médias au Canada sur Facebook et Instagram, Hebdos Québec, dont fait partie le Peuple Lotbinière, invite ses lecteurs à ne pas utiliser les plateformes de Meta, ce vendredi, dans le cadre de la Journée internationale de la démocratie et ce, pendant 24 heures.

Des fromages Bergeron se distinguent à la Sélection Caseus

Le Louis Cyr 2 ans, de la Fromagerie Bergeron, a bien fait lors de la présentation des 23e prix de la Sélection Caseus qui a eu lieu le 6 septembre dernier au Musée de la Civilisation.

La plateforme de compostage inaugurée

ENVIRONNEMENT. La MRC de Lotbinière a procédé, le 22 septembre dernier, à l’inauguration officielle de sa plateforme de compostage. L’infrastructure construite au coût de 4,5 M$ accueille les matières putrescibles des citoyens de la MRC de Lotbinière depuis novembre 2022.

Québec met la main au portefeuille pour bonifier le parc

ENVIRONNEMENT. Le gouvernement du Québec a annoncé, le 7 septembre, qu'il investira 514 M$ sur cinq ans pour bonifier le parc de bornes électriques de la province.

Campagne de sensibilisation lancée

SÉCURITÉ ROUTIÈRE. La vice-première ministre et ministre des Transports et de la Mobilité durable du Québec, Geneviève Guilbault, a lancé aujourd'hui la campagne de sensibilisation La sécurité routière, j'embarque.

Un établissement toujours populaire

ÉDUCATION. La rentrée automnale au Centre d’études collégiales (CEC) de Lotbinière, le 17 août, a permis de constater l’engouement constant pour cette antenne du Cégep de Thetford dans la MRC de Lotbinière.

Légère amélioration au CSSDN

ENSEIGNEMENT. Le ministère de l'Éducation a dévoilé, mardi, les dernières données sur les postes d'enseignants encore à pourvoir au sein de 71 des 72 centres de services scolaires du Québec. Comparativement à la semaine précédente, la situation s'est légèrement améliorée au Centre de services des Navigateurs (CSSDN).

Verrous de pontet distribués

SÉCURITÉ. Une distribution gratuite de verrous de pontet, aura lieu du 7 septembre au 6 octobre dans plusieurs villes en Chaudière-Appalaches.