Photo : Mélanie Labrecque

SOCIÉTÉ. La source d’eau potable identifiée pour l’aménagement du nouveau puits à Saint-Antoine-de-Tilly se trouve sur les terrains de la famille Lizotte. Officiellement expropriée, elle compte bien se défendre afin de sauver l’entreprise qu’ils ont mis près d’une décennie à construire.

«On sait que Saint-Antoine-de-Tilly a besoin d’eau. On le comprend, mais pas aux dépens de notre entreprise. Il y a d’autres sources [viables dans la municipalité]», a souligné la copropriétaire, Véronique Letendre.

«Si ça avait été dans le champ ou dans le bois, on aurait dit : Parfait, on prend la compensation!», a rajouté son conjoint et copropriétaire, Jérôme Lizotte.

Une autre source abondante serait située à proximité de l’emplacement visé, mentionne M. Lizotte. De même, il se questionne sur la mise sur la glace de l’option d’aller puiser l’eau au fleuve.

«Il y a des frais faramineux pour la population que représente la MRC de Lotbinière. D’un autre côté, en allant de l’avant, les projections indiquent que ce ne serait pas réalisé avant 2027 alors qu’il faut que ce soit fait pour 2027. De plus, au niveau de la santé publique, il est nécessaire de savoir si l’eau est saine à l’endroit ciblé», a rappelé le directeur général de la Municipalité, Raphaël Rioux.

Toujours est-il que tout ce processus a des impacts réels dans la vie de la petite famille. Le couple consacre énormément de temps de recherche dans les lois et règlements, à la lecture de rapports, aux rencontres avec leur avocat et la municipalité, etc. Tout ce stress, leurs cinq enfants le vivent également et certains ont même des manifestations physiques.

Les aires d’exclusions

«Pendant huit ans, on a construit une entreprise agricole. Nous avons commencé avec de grandes cultures. On a eu des difficultés, on a eu des emplois à l’extérieur. On a tout bâti pour rendre ça viable. Maintenant que ça l’est, on vient tout nous enlever», a dénoncé Jérôme Lizotte.

Il suffit de faire quelques pas derrière la maison familiale pour comprendre comment leurs activités seront affectées.

Leur terrain, leurs installations, une partie des champs ainsi que les pâturages se retrouvent dans le périmètre des différentes aires de protection définies par le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection de la Loi sur la qualité de l’environnement.

Selon le règlement, aucune activité présentant un risque de contamination ne peut être faite dans un rayon de 30 mètres autour du puits. Dans un rayon de 100 mètres, il n’est pas possible, entre autres, de stocker des déjections animales à même le sol, d’avoir de pâturages et d’épandre des matières fertilisantes azotées ainsi que des pesticides.

Donc, la machinerie ne pourrait plus circuler de même que la cinquantaine de bovins entre les différentes aires de pâturage. Fertiliser les champs deviendrait un casse-tête et l’entreposage hivernal extérieur des déjections animales, un problème.

Sources multiples de contamination

Le puits est situé en zone agricole. Mme Letendre ajoute que certains de ses voisins utilisent des matières résiduelles fertilisantes pour engraisser leurs terres. Un reportage de La semaine verte a mis en lumière une série d'inquiétudes sur leur utilisation. Ainsi, les impacts potentiels sur la nappe phréatique ne sont pas connus, mais ils préoccupent les Lizotte. «Si l’aire d’alimentation est polluée, la zone d’exclusion sera agrandie. Ce sera chez nous, pas chez les voisins», a rajouté M. Lizotte.

C’est sans compter que les bâtiments et les activités mêmes de l’entreprise sont à haut risque de contamination pour la source d’eau.

«Selon la Municipalité, ma maison peut rester là. Demain matin, j’ai un pépin avec ma voiture qui se vide d’essence, je contamine la nappe. Derrière mon garage, j’ai un réservoir de 1 000 litres de diésel, s’il arrive un accident et qu’il se vide. On est toujours sur le qui-vive», a illustré Mme Letendre.

Compensations

«Il n’est pas question de procéder à une expropriation sans qu’il y ait compensation. Tout le processus prévoit des négociations. Elles avaient déjà commencé et se poursuivront sous l’égide de cet avis. Il n’y a aucun doute qu’ils auront une compensation pour l’utilisation d’une partie de leur terrain», a assuré le maire de Saint-Antoine-de-Tilly, Richard Bellemare.

Toutefois, les offres faites jusqu’à présent ne satisfont pas les propriétaires de l’entreprise. Véronique Letendre explique que les sommes proposées ne couvriraient pas la relocalisation de leurs installations et les pertes encourues si le ministère de l’Environnement n’autorisait pas le maintien des activités à l’intérieur des zones d’exclusions.

«Si on relocalise tous les bâtiments, je perds de la terre en culture. Ce n’est pas pris en considération. Ce que je vais perdre pour mes bâtiments, je ne le cultiverai plus. Mes pâturages devront être déplacés sur des terres en culture. Si je perds de la culture, je perds un volume de nourriture pour mes vaches et je devrai acheter du foin», a déploré Mme Letendre.

La municipalité savait

«Le choix de l’emplacement ne s’est pas fait au hasard. Il y a eu 14 forages. On a essayé de trouver le meilleur endroit. Ce puits est là depuis sept ou huit ans. C’est le choix qui a été fait par les scientifiques pour l’utilisation la plus optimale, parce qu’il y a eu des études», a expliqué Raphaël Rioux.

C’est justement ce que déplorent Véronique Letendre et Jérôme Lizotte. Lorsqu’ils ont acquis leur terre en 2015, la municipalité était au fait qu’il y avait une source à cet endroit. C’était la même chose en 2019, lorsqu’ils ont fait les démarches d’acquisition de l’érablière située à côté.

«La municipalité aurait pu être proactive. Si elle savait, elle aurait pu faire des démarches pour acheter, mais elle n’a jamais bougé et jamais fait d’offre à l’ancien propriétaire», a pointé Mme Letendre.

 

Photo 1: Le puits ciblé par la municipalité se trouve au premier plan, entre les balles de foin, et se trouve près de la résidence familiale.

Photo 2: Le chemin utilisé par la machinerie agricole et le troupeau de vaches se trouve dans la zone expropriée.

Photo 3: Les installations agricoles se trouvent dans le rayon de 100 mètres visé par les aires d'exclusion. Le fumier est entreposé à proximité en hiver.

Photo 4 et 5: Les installations sont à proximité de la résidence familiale.

 

 

 

 

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