ENVIRONNEMENT. La rencontre virtuelle d’information sur le dossier de la poussière noire à Laurier-Station et Saint-Flavien a attiré une centaine de personnes, le 18 février. Les différents intervenants ont ainsi pu faire le point sur l’état de situation et les démarches qui seront entreprises dans les mois à venir. Ils ont aussi répondu aux nombreuses questions qui leur avaient été envoyées.
État de situation
Un représentant de la direction régionale de la santé publique (DRSP) est venu expliquer les démarches faites depuis le mois d’août 2020. À l’automne, une série de frottis a été réalisée dans la cour arrière de 10 résidences de Laurier-Station. Les échantillons ont été pris sur les murs de cabanon après un jour de pluie et envoyés au ministère de l’Environnement pour analyse.
La méthode est «très sommaire», a indiqué le Dr René Veillette, médecin spécialiste en santé publique à la direction régionale de santé publique de Chaudière-Appalaches, mais l’objectif était d’avoir des données avant l’arrivée des premières neiges. La DRSP recherchait des traces de silice et de certains métaux. Si les analyses n’ont pas pu prouver la présence de silice, en revanche on y a retrouvé de l’aluminium, de l’étain, du fer, du magnésium, du silicium, du titane et du zinc.
Un communiqué de suivi envoyé le 23 décembre mentionnant les préoccupations de la DRSP a généré une cinquantaine d’appels.
Populations vulnérables
«La présence de particules dans l’air peut aggraver certaines maladies. La présence de métaux peut représenter un risque supplémentaire à la santé», a indiqué Dr Veillette. Il ajoute que les enfants et les personnes âgées, surtout celles qui ont des maladies cardiaques et respiratoires, sont plus vulnérables aux épisodes de mauvaise qualité de l’air.
«La santé publique demeure préoccupée par la situation. Il ne faut pas la banaliser et se concentrer sur des solutions. Cependant, pour développer des maladies graves, il faudrait être exposé sur de longues périodes et avoir des concentrations importantes, ce qu’on n’a pas trouvé», a-t-il poursuivi, mentionnant que des études complémentaires seront nécessaires.
Dans ses recommandations, la DRSP indique qu’il faudra bien documenter la problématique en faisant un suivi de la qualité de l’air, mais aussi de l’eau et des sols, identifier la ou les sources d’émission pour y apporter les correctifs requis.
Plan d’action
De son côté, le ministère de l’Environnement et de la Lutte aux Changements climatiques (MLCC) travaillera à l’analyse de la qualité de l’air et à l’identification de la ou les sources d’émission de poussière.
Ce travail est déjà commencé. À partir des plaintes reçues (de 20 à 25) ainsi que des inspections faites sur le terrain, le MLCC travaille à identifier les sites d’échantillonnage ainsi que les paramètres à étudier (présence de métaux et contaminants). Vers la mi-mars, le ministère devrait faire des validations sur le terrain de ces sites avant de passer à la deuxième étape.
«De l’échantillonnage sera fait à plusieurs endroits pendant plusieurs semaines. Cela nous donnera un portrait précis de la répartition de la poussière. Nous pourrons aussi établir un portrait de la qualité de l’air et identifier la ou les sources d’émission», a expliqué la directrice régionale du centre de contrôle environnemental du Québec, Marie-Josée Poulin.
Aucune source identifiée
Marie-Josée Poulin a insisté à plusieurs reprises sur le fait que la ou les sources des poussières noires n’ont pas encore été identifiées. Cependant, plusieurs questions de citoyens soulevaient des inquiétudes à propos des activités d’une entreprise en particulier, Produits Minéra.
Elle a donc expliqué les démarches qui ont été faites auprès de cette entreprise au cours des derniers mois et souligné la bonne collaboration de son propriétaire. L’entreprise, souligne-t-elle, a pris des mesures pour réduire les émissions notamment avec l’installation d’un dépoussiéreur et d’un appareil de détection de la direction des vents.
«Lorsque nous faisons des transferts [de matières] et que les vents sont en direction des résidences, on retarde l’opération. […] Le ministère de l’Environnement et la Santé publique n’étaient pas en mesure d’identifier que ça venait de chez nous, mais ce n’est pas une raison pour qu’on ne fasse rien. On ne veut pas nuire au voisinage. Nous avons toujours eu cette ligne-là», a expliqué le propriétaire de Produits Minéra, Ghislain Hamel, au lendemain de la rencontre.
Cette rencontre d’information réunissait les maires de Laurier-Station et de Saint-Flavien, la députée de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours, ainsi que des représentants de la DRSP et du MLCC.