Corridor énergétique
D’une même voix, les trois aspirants députés ont dénoncé le projet de corridor énergétique proposé par le Parti conservateur. «Andrew Sheer nous a dit qu’il l’imposerait de force, et ce, malgré que les Québécois soient majoritairement contre. Jacques Gourde, le député conservateur sortant [de Lévis-Lotbinière], a aussi clairement indiqué qu’il était favorable à l’oléoduc pétrolier», a dénoncé le candidat de Lévis-Lotbinière, François-Noël Brault.
Du même souffle, il somme le chef conservateur d’expliquer le tracé de cet éventuel pipeline destiné à transporter le pétrole extrait des sables bitumineux de l’Ouest canadien vers l’est.
«Ce projet vise à enrichir l’Ouest canadien et il nous laisse des risques environnementaux et de santé publique importants. […] Globalement, les conservateurs visent à polluer plus la planète avec leur pétrole bitumineux.» M. Brault rappelle que l’ancien projet Énergie Est touchait directement les quartiers ouest de Lévis : Saint-Nicolas, Saint-Étienne-de-Lauzon, Breakeyville et Saint-Jean-Chrysostome.
Accorder son soutien à Justin Trudeau ne serait qu’un leurre, a-t-il ajouté puisqu’en août 2018, le gouvernement libéral s’est porté acquéreur de l’oléoduc Trans Mountain. «Ils ne sont pas plus dignes de confiance.»
Gaz de schiste
Dans le même ordre d’idée, les candidats étaient accompagnés de Pierre Bluteau, citoyen de Leclercville, impliqué depuis près de 10 ans dans la lutte contre l’exploitation des gaz de schiste dans Lotbinière et Bécancour. Ce dernier est venu faire part des craintes d’une partie de la population de la circonscription face à ce qui se dessine.
«Autant les conservateurs que les libéraux fédéraux sont favorables à l’exploitation du gaz de schiste. On sait que l’Alberta fait des pressions pour que le Québec accepte le passage d’un gazoduc pour [transporter] son gaz de schiste vers le Saguenay. Cela peut redémarrer très rapidement.»
Il rappelle qu’actuellement il existe quatre puits de gaz de schiste dans la MRC de Lotbinière qui ont été fracturés en 2010 et 2011 : deux à Leclercville et deux à Saint-Édouard. Ce nombre pourrait rapidement grimper, selon lui, en raison des pressions de l’industrie sur le gouvernement du Québec, malgré les interdictions de fracturation.
«Questerre veut développer un projet de démonstration dans Lotbinière. Tout est prêt. Le tracé du gazoduc est déjà fait, la décision de la CPTAQ est rendue, l’emplacement des infrastructures est déjà décidé. Il ne manque que l’autorisation du gouvernement du Québec et tout part. On aurait de 20 à 25 puits supplémentaires.»
Solutions
Les candidats bloquistes ne font pas que dénoncer, ils ont aussi proposé différentes solutions afin de favoriser la transition énergétique.
«Une transition énergétique et écologique, pragmatique et ambitieuse qui mise sur la bioéconomie contribuera à réduire les émissions de gaz à effet de serre. De plus, elle permettra de créer de l’énergie de façon durable et respectueuse de notre environnement», a soulevé le candidat de Bellechasse-Les Etchemins-Lévis, Sébastien Bouchard-Théberge.
Chaudière-Appalaches pourrait, par exemple, participer à la création d’un pôle régional en biomasse, réfléchi et géré par les intervenants du milieu.
Cette initiative devrait s’appuyer sur une réglementation adaptée aux réalités régionales, avoir un plan de concertation sur la mobilisation, la valorisation et la disponibilité des biomasses sur le territoire, travailler avec les régions dépendantes aux différentes biomasses : végétales, animales, bactérienne ou forestière, travailler en collaboration avec les PME et les centres de recherches et bâtir des puits de carbone forts et durables.
Les candidats proposent également l’exploitation du potentiel énergétique des résidus forestiers et l’implantation de centres de recherche.
3e lien
Rappelant que le Bloc québécois n’a «pas de préjugé défavorable sur l’établissement du troisième lien», Sébastien Bouchard-Théberge, estime que ce projet ne constitue pas un enjeu de campagne électorale puisqu’il relève de la compétence du gouvernement du Québec et que par conséquent, les autres candidats ne devraient pas politiser cet enjeu.
«C’est la responsabilité du gouvernement du Québec d’établir et d’élaborer ses projets d’infrastructures. Nous, ce qu’on demande, c’est que le gouvernement fédéral envoie l’enveloppe globale, sans condition, au gouvernement du Québec et le gouvernement du Québec pourra prendre ses décisions en matière d’infrastructures.»
Il ajoute que si le gouvernement Legault présente un projet structurant, durable et dans une perspective qui favorise le transport en commun ou l’électrification des transports, il ne voit pas pourquoi on devrait s’y opposer.